La présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf, sa compatriote Leymah Gbowee et la Yéménite Tawakkol Karman, figure de proue du «printemps arabe», ont reçu samedi le prix Nobel de la paix. Le Comité Nobel a voulu dédier cette récompense aux femmes, qui «portent la moitié du ciel».
«Vous représentez une des forces motrices les plus importantes du changement dans le monde d'aujourd'hui: la lutte pour les droits humains en général et la lutte des femmes pour l'égalité et la paix en particulier», a déclaré le président du comité Nobel, Thorbjoern Jagland, avant de remettre le prix.
«Vous donnez du sens au proverbe chinois qui dit que les femmes portent la moitié du ciel», a-t-il dit. C'est la première fois dans l'histoire du Nobel que le prix de la paix est remis à trois femmes.
Toutes vêtues de costumes traditionnels, les lauréates ont accepté le Nobel sous les youyous d'une assistance qui comprenait notamment la famille royale norvégienne et la Franco-norvégienne Eva Joly, candidate écologiste à la présidentielle française.
Dans un Hôtel de ville d'Oslo égaillé par les fleurs et leurs habits colorés, chaque lauréate a souligné le rôle des femmes dans la résolution des conflits. «Le fait que deux femmes libériennes soient ici aujourd'hui pour partager le podium avec une soeur venue du Yémen montre le caractère universel de notre combat», a souligné Mme Sirleaf dans le texte du discours qu'elle devait prononcer.
Première femme démocratiquement élue à la tête d'un pays africain en 2005, Mme Sirleaf, 73 ans, tente de panser les plaies d'un pays qui affiche encore les stigmates de quatorze ans de guerres civiles (1989-2003) qui ont fait 250'000 morts.
Contribution à la paix au Libéria
Travailleuse sociale devenue «guerrière pour la paix», Mme Gbowee, 39 ans, est à l'origine d'un mouvement pacifique de femmes qui, à l'aide notamment d'une originale «grève du sexe», avait contribué à mettre fin à la deuxième guerre civile en 2003.
Première femme arabe à recevoir le Nobel de la paix, Mme Karman est, quant a elle, un des moteurs du mouvement qui réclame depuis le début de l'année le départ du président yéménite Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 33 ans.
Cette jeune journaliste de 32 ans a saisi l'occasion de la cérémonie Nobel pour déplorer la relative indifférence du reste de la planète à l'égard de la révolution yéménite.
Le prix Nobel consiste en une médaille d'or, un diplôme et un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (1,36 million de francs) que les trois lauréates se partageront en trois parts égales. Les Nobel de littérature, de chimie, de physique, de médecine et de sciences économiques devaient être remis le même jour à Stockholm.
Oslo: le Nobel de la paix remis à trois femmes africaines
La présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf, sa compatriote Leymah Gbowee et la Yéménite Tawakkol Karman ont reçu le prix Nobel de la paix ce samedi à Oslo.

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