L'attaque s'est produite dans la ville de Postikum, capitale économique de l'Etat de Yobe. Des témoins ont décrit la kamikaze comme une "petite fille", estimant qu'elle ne pouvait pas voir plus de huit ans.
Selon eux, la fillette avait été renvoyée quatre fois à l'entrée du site par des gardiens et membres de milices d'auto-défense qui l'avaient jugée suspecte, en raison de son âge. Les contrôles se sont faits plus stricts depuis un précédent attentat-suicide commis en janvier par deux filles d'environ 15 et 20 ans aux abords du même marché, destiné à la vente et à la réparation de téléphones.
Très jeunes filles kamikazes
Finalement, la fillette est revenue par un autre côté, "elle s'est baissée pour franchir le cordage de sécurité, à une certaine distance de nous. Et c'est là qu'elle s'est fait exploser", a expliqué Buba Lawan, chef d'une milice locale d'autodéfense.
L'attentat a fait six morts, dont la jeune kamikaze, et 19 blessés. Boko Haram a pris l'habitude depuis l'an dernier d'utiliser des kamikazes de sexe féminin, parfois de très jeunes filles.
Appel de Fabius à agir
Dans ce contexte, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a précisément invité Abuja à s'engager "pleinement" contre le groupe islamiste, dimanche à Niamey, au dernier jour d'une tournée dans la région.
Depuis 2009, l'insurrection de Boko Haram et sa répression par les forces nigérianes ont fait plus de 13'000 morts et 1,5 million de déplacés au Nigeria, essentiellement dans le nord-est du pays, où le groupe extrémiste s'est emparé de plusieurs localités.
Le groupe a étendu ses attaques au Cameroun, au Niger et au Tchad, qui le combattent à leurs frontières, et même sur le sol nigérian pour les troupes tchadiennes. Celles-ci ont repris récemment aux islamistes plusieurs localités importantes comme Gamboru et Dikwa (nord-est), proches de la frontière camerounaise.
"Capacité de nuisance" sous-estimée
Dans un entretien au journal privé local influent "This Day" diffusé dimanche, le président nigérian Goodluck Jonathan a reconnu avoir "sous-estimé les capacités de nuisance" de la secte islamiste. De "nombreux responsables sécuritaires" ont fait dans le passé des déclarations minimisant la portée du groupe, a-t-il ajouté.
M. Jonathan a précisé que l'armée nigériane s'est dotée récemment de nouvelles armes et munitions pour la guerre contre Boko Haram, dont le chef, Abubakar Shekau, a juré dans une vidéo publiée récemment de faire échouer le processus électoral dans le pays.
Les autorités nigérianes ont récemment reporté de six semaines, au 28 mars, les élections présidentielle, législatives et sénatoriales prévues le 14 février. "Si Dieu le veut, nous arrêterons Shekau avant les élections. (...) Nous devons arriver à faire en sorte qu'il ne cause pas des ravages s'il tente" de les faire échouer, a dit le président, candidat à sa réélection.
Offensive rapide
Son homologue nigérien Mahamadou Issoufou a de son côté estimé qu'"on n'est pas partis pour une guerre de dix ans. Nous avons les forces qui sont déjà en place. Si ces forces peuvent être financées et équipées, je pense qu'on viendra à bout de Boko Haram assez rapidement", a-t-il affirmé.
Le Nigeria, le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Bénin ont annoncé le 7 février qu'ils allaient mobiliser 8700 hommes dans une force multinationale anti-Boko Haram. Ils veulent déposer d'ici à "fin février" un projet de résolution devant le Conseil de sécurité en ce sens, selon le gouvernement camerounais.