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Mali: les militaires comptent rester trois ans au pouvoir

Les militaires ayant pris le pouvoir au Mali ont accepté dimanche soir de libérer le président déchu Ibrahim Boubacar Keïta. Ils annoncent une transition de trois ans.

24 août 2020, 07:37
Les parties ont pu s'entendre sur certains points mais pas sur l'ensemble de la discussion, selon le chef de la délégation ouest-africaine, l'ex-président nigérian Goodluck Jonathan (en gris sur la photo).

La junte qui a pris le pouvoir en début de semaine au Mali a annoncé dimanche soir une transition de trois ans dirigée par un militaire. Elle a aussi accepté de libérer le président déchu Ibrahim Boubacar Keïta, qu’elle détient depuis mardi.

«La junte a affirmé qu’elle souhaite faire une transition de trois ans pour revoir les fondements de l’Etat malien. Cette transition sera dirigée par un organe présidé par un militaire, qui sera en même temps chef de l’Etat», a indiqué à l’AFP une source au sein de la délégation de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), à l’issue du deuxième jour de négociations.

Un membre de la junte a confirmé à l’AFP «les trois ans de transition avec un président militaire et un gouvernement en majorité composé de militaires».

 

 

Selon la même source de la Cédéao, la junte a donné son accord pour «libérer le président Keïta», qu’elle détient depuis le coup d’Etat de mardi, «qui pourra repartir à son domicile» de Bamako. «Et s’il souhaite voyager pour des soins, il n’y a pas de problème», a-t-elle précisé.

Quant au Premier ministre Boubou Cissé, arrêté en même temps que le président Keïta et détenu dans le camp militaire de Kati, dans la banlieue de la capitale, «nous avons obtenu de la junte qu’elle accepte qu’il soit dans une résidence sécurisée à Bamako», a ajouté ce responsable ouest-africain. Toutes les informations sont confirmées par la source de la junte.

Pas encore d’accord global

La deuxième journée de négociations avait débouché sur des avancées sans accord complet, et elles doivent reprendre lundi. «Nous avons pu nous entendre sur certains points mais pas sur l’ensemble des points de discussion», a déclaré à sa sortie de plusieurs heures de réunion le chef de la délégation ouest-africaine, l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan. Ce dernier a été mandaté par la Cédéao pour tâcher de rétablir «l’ordre constitutionnel» au Mali.

Nous avons pu nous entendre sur certains points mais pas sur l’ensemble des points de discussion.
Goodluck Jonathan, chef de la délégation ouest-africaine

Le président «IBK» avait été contraint d’annoncer sa démission dans la nuit de mardi à mercredi après avoir été arrêté par des militaires. Samedi, plusieurs envoyés de la Cédéao ont pu rencontrer le chef d’Etat déchu. «Nous avons vu le président Keïta», a confirmé Goodluck Jonathan, qui a précisé à son propos: «Ça va».

Auparavant, les envoyés de la Cédéao avaient été reçus pendant une trentaine de minutes par les membres du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) mis en place par la junte, dont le nouvel homme fort du pays, le colonel Assimi Goïta.

Les militaires acclamés

Le président de la Commission de la Cédéao, Jean-Claude Kassi Brou, qui espère «pouvoir tout finaliser d’ici lundi», a souligné la «volonté de vraiment aller de l’avant» des militaires. «Il faut des résultats parce que le 26 août, les chefs d’Etat de la Cédeao se réunissent pour dire s’ils renforcent les sanctions contre la junte ou si on desserre l’étau», a expliqué un membre de la délégation.

Les pays voisins du Mali, réunis en Sommet extraordinaire, avaient réclamé jeudi le «rétablissement» du président Keïta et décidé d’envoyer cette délégation à Bamako, la quatrième de l’ex-président Goodluck Jonathan depuis le début de la crise qui ébranle le Mali depuis les législatives contestées du printemps.

Elu en 2013 et réélu en 2018, le président Keïta était fortement contesté dans la rue, à l’appel d’un mouvement d’opposition hétéroclite qui réclamait sa démission.

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