Les associations homosexuelles appuyées par des personnalités ont manifesté ce week-end à Paris et dans plusieurs villes de France pour défendre le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe. Les partisans de ce texte n'entendent pas laisser le monopole de la rue aux opposants.
A Paris, le cortège comptait 60'000 personnes selon la préfecture de police, et plus de 100'000 selon les organisateurs. Parti en début d'après-midi de la place de la Bastille, il a gagné le Luxembourg. Sur les pancartes, on lisait: "des droits pour nos enfants", "Dieu dit du bien de nous" ou encore "nous marchons dans le bon sens de l'histoire".
La ministre du Logement écologiste Cécile Duflot était présente dans le cortège auquel les ministres socialistes se sont cependant abstenus de participer, car ils disent ne pas avoir à soutenir un projet qu'ils portent. Le Parti socialiste était représenté par son premier secrétaire Harlem Désir et le maire de Paris Bertrand Delanoë.
Beaucoup d'enfants accompagnaient les manifestants qui insistaient souvent dans leurs slogans et leurs déclarations sur la légitimité des homosexuels à les adopter. "Pour notre cas, on demande la reconnaissance des enfants pour mon ami qui n'aucun droit sur eux, mais sans forcément passer par le mariage", a dit un père de famille.
La ministre déléguée à la Famille, Dominique Bertinotti, a reçu à son ministère des familles homoparentales.
Des manifestations étaient prévues dans les principales grandes villes françaises. Samedi, plusieurs milliers de partisans du "mariage pour tous" avaient déjà défilé dans les rues d'une dizaine de ville de l'Hexagone, notamment à Lyon, Marseille, Montpellier ou Nantes.
Importante réforme sociétale
Ce texte, l'une des réformes sociétales les plus importantes en France depuis l'abolition de la peine de mort en 1981, a été présenté le 7 novembre en conseil des ministres et doit être soumis à l'Assemblée nationale à partir du 29 janvier.
Le texte est soutenu par la gauche et combattu par la droite, malgré les avis contraires de personnalités comme l'ancienne ministre Chantal Jouanno et le député Franck Riester.
Les sondages montrent que si les Français sont favorables très majoritairement au mariage homosexuel, ils sont plutôt opposés à l'instauration du droit à l'adoption.
Débat sur la procréation artificielle
Déjà vif, le débat a pris un tour nouveau mercredi avec la décision de François Hollande de laisser le Parlement décider d'une éventuelle intégration du droit à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les homosexuels. Le PS pourrait soutenir ce point sous forme d'amendement, selon Harlem Désir, mais le parti est divisé.
Le gouvernement avait initialement prévu d'introduire la PMA aux couples de femmes homosexuelles dans une future loi sur la bioéthique l'année prochaine.
Dominique Bertinotti a par ailleurs dit vendredi que l'éventuelle légalisation de la gestation pour autrui (GPA, les "mères porteuses") ne serait pas débattue lors de l'examen du texte au Parlement.
Contre-manifestations
Mais l'opposition ne baisse pas les bras. Samedi, une dizaine de maires et maires adjoints membres du collectif "Maires pour l'enfance" ont organisé une contre-manifestation place du Trocadéro pour demander "solennellement au président de la République de retirer le projet de loi."
Le 17 novembre, plus de 100'000 personnes avaient manifesté en France contre le projet de loi. Le président proclamé et contesté de l'UMP, Jean-François Copé, a appelé à une nouvelle manifestation le 13 janvier à Paris pour dénoncer un projet qui selon lui remet "en cause des fondements de la famille"