Des milliers de silhouettes errantes longent le bas-côté de l’asphalte brûlant. Des femmes, agenouillées, se protègent du soleil écrasant sous leur voile. Des hommes, décharnés, appellent à l’aide. Les bébés dorment dans des paniers, les vieillards restent allongés à même le sol.
Derrière eux, au loin, la Birmanie et ses plaines verdoyantes d’où s’échappaient, il y a encore quelques semaines, des colonnes de fumée. Là-bas, sur cette terre qui n’est plus la leur depuis une loi sur la citoyenneté votée par la junte en 1982, ils ont vécu l’enfer, après des années de discriminations et de persécutions. Et même pire. Ayesha*, encore sous le choc, raconte. «Les militaires ont envahi mon village. Nous avons tenté de fuir, mais nous avons été rattrapés. Il y avait une femme enceinte devant moi. Ils ont poignardé son ventre, ils ont sorti le fœtus et l’ont découpé en morceaux, puis ont fini par...