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Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son parti l'AKP ne pourront plus gouverner seul

Recep Tayyip Erdogan et son parti islamo-conservateur ont remporté, ce dimanche, les élections législatives en Turquie avec 41% des voix. Cependant, selon le dépouillement de la quasi-totalité des bulletins (98%), l'AKP a perdu sa majorité absolue au parlement et ne pourra par conséquent plus gouverner seul.

07 juin 2015, 21:49
Turkey?s President Recep Tayyip Erdogan, centre, accompanied by his wife Emine, left, holds his ballot as he prepares to vote at a polling station in Istanbul, Turkey, Sunday, June 7, 2015. Turks are heading to the polls in a crucial parliamentary election that will determine whether ruling party lawmakers can rewrite the constitution to bolster the powers of Erdogan. All eyes will be on the results for the main Kurdish party, the Kurdish Peoples' Democratic Party, (HDP). If it crosses a 10 percent threshold for entering parliament as a party, that would extinguish AKP's constitutional plans. (AP Photo/Lefteris Pitarakis}

Le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) arrive sans surprise en tête du scrutin mais n'a recueilli que 41% des suffrages et 259 sièges de députés sur 550. Le parti de M. Erdogan sera contraint de former un gouvernement de coalition pour régner.

Victoire "sur la tyrannie"

Elevée au rang de "faiseur de rois", la formation kurde du parti démocratique du peuple (HDP) a largement passé la barre des 10% des voix nécessaires pour être représenté sur les bancs du parlement, avec 12,5%, obtenant ainsi 78 sièges. "Nous sommes sur le point de gagner 80 sièges au parlement", s'est réjoui un député du parti, Sirri Sureyya Önder. "Ces résultats représentent la victoire de la liberté sur la tyrannie, de la paix contre la guerre", a-t-il dit.

Le chef de file du parti kurde, Selahattin Demirtas, un "quadra" charismatique et ambitieux, a mené une campagne moderne, très marquée à gauche et résolument dirigée contre Recep Tayyip Erdogan et son gouvernement. Il a réussi à élargir son audience au-delà de la seule communauté kurde (20% de la population turque).

Le HDP comptait 29 sièges dans l'Assemblée sortante, élus sous l'étiquette indépendante pour contourner le seuil obligatoire des 10%. Ces députés n'avaient retrouvé leurs couleurs et formé un groupe qu'une fois en fonction.

Les deux autres principaux concurrents du parti au pouvoir, le parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) et le parti de l'action nationaliste (MHP, droite), obtiennent respectivement 25,2% et 16,5% des voix, soit 131 et 82 sièges.

Coup de semonce

Vainqueur de tous les scrutins depuis 2002, l'AKP se présentait pour la première fois affaibli face aux électeurs, victime du déclin de l'économie et des critiques sur la dérive autoritaire de son chef. Ce premier "raté" électoral sonne comme une défaite pour M. Erdogan, qui avait fait de ce scrutin un référendum autour de sa personne.

Premier ministre à poigne pendant onze ans, Recep Tayyip Erdogan a été élu haut la main président en août dernier. Il visait depuis lors la présidentialisation du régime et le renforcement de ses pouvoirs. Pour y parvenir son parti devrait totaliser au moins 330 sièges pour faire passer une réforme de la constitution.

Alors que la charte fondamentale lui impose la neutralité, le chef de l'Etat a battu les estrades pendant des semaines en réclamant "400 députés" pour changer le système parlementaire actuel. Ce régime est "un obstacle au changement" et fait de la Turquie "une voiture qui tousse car son réservoir est vide", avait-il répété.

Confiance érodée

A l'inverse, l'opposition a dénoncé ces projets, qualifiés de "dictature constitutionnelle". "J'espère que cette élection sera la bonne et que nous pourrons nous débarrasser de 'Tayyip' et de sa bande", a déclaré dimanche, avant l'annonce des résultats, un ingénieur de 42 ans qui votait à Ankara.

"J'ai voté pour l'AKP aux précédentes élections parce qu'ils ont fait du bon travail. Mais je n'ai plus confiance en eux", a renchéri un autre électeur, illustrant une certaine désaffection pour l'AKP.

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