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Le président propose à deux opposants de diriger le gouvernement

Le président ukrainien a créé la surprise samedi soir en proposant à deux de ses principaux opposants de diriger le gouvernement. Sur le terrain, la contestation a pris une ampleur inédite et les manifestants de Kiev ont été sommés de rentrer chez eux par le ministre de l'Intérieur.

25 janv. 2014, 22:51
President Viktor Yanukovych, third left, meets with religious leaders in Kiev, Friday, Jan. 24, 2014. President Viktor Yanukovych promised Friday to reshuffle his government, free scores of protesters from jail and make other concessions after demonstrations against him spread from Ukraine's besieged capital to nearly half of the country. (AP Photo/Andrei Mosienko, Presidential Press Service, Pool)

Viktor Ianoukovitch a provoqué un coup de théâtre pour tenter de sortir son pays de la crise politique. Il s'est dit prêt à une révision de la Consitution pour réduire ses pouvoirs et même disposé à laisser l'opposition diriger le gouvernement.

Après des heures de négociations, le président ukrainien a proposé de nommer au poste de Premier ministre Arseni Iatseniouk, un des trois chefs de file de la contestation en Ukraine. Vitali Klitschko, autre dirigeant d'opposition, pourrait devenir vice-Premier ministre chargé des questions humanitaires.

En fin de soirée, plusieurs dirigeants de l'opposition ont annoncé qu'ils entendaient poursuivre leur mouvement de protestation. Vitali Klitschko a notamment demandé une élection présidentielle dès cette année, et non en 2015 comme prévu actuellement.

Arseni Iatseniouk a déclaré que l'opposition était prête à gouverner. "Nous sommes prêts à assumer cette responsabilité et à conduire le pays dans l'Union européenne", a-t-il lancé à la foule réunie sur la place de l'Indépendance à Kiev.

Il a cependant ajouté que cela nécessiterait la libération de l'opposante Ioulia Timochenko. L'ancienne Premier ministre ukrainienne est emprisonnée depuis 2011.

Regain de tensions

Viktor Ianoukovitch avait annoncé vendredi un remaniement ministériel pour la semaine prochaine, ainsi que des amendements aux nouvelles lois anti-contestation. Le message n'a pas convaincu les manifestants, lesquels sont mobilisés depuis plus de deux mois.

Après deux jours de retour de calme, les violences ont repris tard vendredi soir à Kiev, théâtre de scènes de guérilla urbaine cette semaine. Les manifestants ont lancé des cocktails Molotov et des pavés vers des policiers anti-émeutes, lesquels ont répliqué avec des grenades assourdissantes et des balles en caoutchouc.

Réagissant à ce regain de tensions, le ministre de l'Intérieur Vitali Zakhartchenko a affirmé samedi dans un communiqué que l'opposition avait perdu le contrôle du mouvement, tenu par des radicaux. Il a expliqué que deux policiers avaient été séquestrés par des militants de l'opposition, puis libérés avec des traces de "torture".

Tous ceux qui resteront sur la place de l'Indépendance et dans les bâtiments occupés seront considérés "comme des membres de groupes extrémistes", a-t-il ajouté. Il a sommé les manifestants de rentrer chez eux, mettant en garde contre un possible recours à la force.

Le ministre de l'Intérieur, dont le départ fait partie des principales revendications du mouvement, avait auparavant jugé "vaines" les tentatives de trouver une solution pacifique à la crise.

Administrations occupées

Le bilan officiel des affrontements de la semaine écoulée a atteint samedi trois tués avec le décès à l'hôpital d'un homme de 45 ans. Selon le parti d'opposition Svoboda, il avait été blessé par balles à la poitrine mercredi. L'opposition fait état de six tués.

La contestation s'est elle encore étendue dans le pays samedi. Les protestataires ont tenté d'occuper les administrations de régions du nord et de l'est du pays. Par ailleurs, des milliers de manifestants occupent depuis jeudi les administrations de plusieurs régions de l'ouest, notamment Lviv. Ils réclament le départ des gouverneurs nommés par le président.

Etat d'urgence?

Dans la matinée de samedi, le parti de Ioulia Timochenko, Batkivchtchina, avait affirmé disposer d'informations indiquant que Viktor Ianoukovitch s'apprêtait à décréter l'état d'urgence et à évacuer l'opposition, barricadée sur la place de l'Indépendance.

Suggérant toutefois l'existence de fractures au sein du parti au pouvoir, Rinat Akhmetov, l'homme le plus riche d'Ukraine et proche du président, a dénoncé comme "inacceptable" le recours à la force.

Les appels au dialogue en direction du président Viktor Ianoukovitch se sont multipliés ces derniers jours, notamment de la part des pays européens.

Manifestations de soutien

Des manifestations de soutien à l'opposition ukrainienne ont eu lieu samedi dans plusieurs capitales européennes, notamment Paris, Varsovie, Vilnius, Riga, Prague et Londres.

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