Le "Petit Chaperon rouge", c'est mathématique et biologique!

Pour retrouver l'origine du conte du "Petit Chaperon rouge", l'anthropologue britannique Jamie Tehrani a soumis 58 variantes à une analyse phylogénétique, méthode statistique utilisée par les biologistes pour la classification des êtres vivants. Son étude apporte un nouvel éclairage sur le mouvement des populations dans l'histoire humaine.

14 nov. 2013, 08:37
Des scientifiques sont remontés aux origines du "Petit Chaperon rouge", un conte populaire qui s'avère très ancien. Ils s'appuient sur un modèle mathématique utilisé par les biologistes pour étudier l'évolution des espèces.

Des scientifiques sont remontés aux origines du "Petit Chaperon rouge", un conte populaire qui s'avère très ancien. Ils s'appuient sur un modèle mathématique utilisé par les biologistes pour étudier l'évolution des espèces.

Ils ont ainsi pu clore un vieux débat en démontrant que "Le Petit Chaperon rouge" avait bien les mêmes racines qu'un célèbre conte allemand, "Le loup et les sept chevreaux". Le récit est toutefois devenu une histoire différente.

Reconstruire l'évolution d'un conte, c'est "faire le travail d'un biologiste qui montre par exemple que les humains et les grands singes partagent un ancêtre commun, mais qu'ils ont évolué dans des espèces distinctes", explique l'anthropologue britannique Jamie Tehrani, de l'Université Durham.

Son étude, publiée mercredi dans la revue scientifique américaine "PLOS ONE", retrace la genèse et le cheminement dans le temps et les lieux de contes et croyances populaires. Elle apporte un nouvel éclairage sur les mouvements de populations dans l'histoire humaine.

Cette étude révèle que "Le loup et les sept chevreaux" date probablement du 1er siècle de l'ère chrétienne. Cette histoire donne naissance 1000 ans après à une variante devenue "Le Petit Chaperon rouge".

"Le loup et les sept chevreaux", populaire en Europe et au Proche-Orient, raconte l'histoire d'un loup déguisé en "mère chèvre" pour dévorer ses petits. Dans "Le Petit Chaperon rouge", le loup mange une petite fille après avoir pris l'apparence de sa grand-mère.

De Perrault aux Grimm

Ce deuxième récit figurait dans de célèbres ouvrages des frères Grimm publiés au 19e siècle en Allemagne. Cette version était basée sur celle écrite au 17e siècle par le français Charles Perrault. Celui-ci s'était inspiré d'un conte plus ancien transmis par la tradition orale en France et en Autriche.

Il en existe de nombreuses variantes en Afrique et en Asie, comme par exemple "Le Tigre grand-mère" au Japon, en Chine et en Corée.

Loup, ogre, tigre

Pour retrouver les origines du conte, Jamie Tehrani a soumis 58 variantes à une analyse phylogénétique, une méthode statistique utilisée par les biologistes pour la classification des êtres vivants. Elle permet d'établir le degré de parenté entre les espèces et de comprendre leur évolution.

L'analyse s'est concentrée sur 72 scénarios en fonction de divers protagonistes comme le loup, l'ogre, le tigre ou d'autres créatures et les ruses utilisées pour berner les victimes ainsi que le sort de ces dernières.

Traditions orales européennes

Cette étude a aussi permis de démentir une théorie répandue selon laquelle la version la plus ancienne du Petit Chaperon rouge était née dans la tradition orale chinoise avant de se répandre en Occident par la route de la soie. "Ma recherche montre l'opposé, à savoir que la version chinoise est dérivée des traditions orales européennes", affirme le chercheur.

"Les Chinois ont en fait mélangé le Petit Chaperon rouge, le loup et les sept chevreaux, et des contes du folklore local pour créer une nouvelle version hybride", explique-t-il.