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Le gouvernement italien ne fera pas long feu

Le nouveau gouvernement italien sans majorité est promis à un bref avenir. Plusieurs observateurs prédisent déjà que la durée du vie du gouvernement est "très limitée".

26 févr. 2013, 14:17
Un million d'Italiens se sont déplacés aux urnes pour les primaires de la gauche nationale. Un record européen.

Avec un Sénat dépourvu de majorité, la durée de vie du futur gouvernement italien risque d'être "très limitée", estime le professeur Marc Lazar. La poursuite des réformes semble bloquée et le principal objectif pourrait être de réformer la loi électorale avant de retourner aux urnes.

Dans le climat actuel, il semble "extraordinairement difficile" de maintenir la politique de rigueur et d'austérité menée par le gouvernement sortant de Mario Monti, prédit M. Lazar, spécialiste de l'Italie à Sciences Po à Paris, dans un entretien à l'ats.

"Les grandes réformes que l'Italie attend pour retrouver de la croissance", notamment celle du marché du travail, "sont sans doute bloquées", dit-il. M. Lazar ne voit pas "ce qu'on pourrait faire d'autre comme politique", mais cela nécessitera une plus grande pédagogie qu'actuellement.

Pour l'heure, la priorité de la classe politique est de former un gouvernement. Mais, quelle que soit la formule retenue, sa durée de vie "risque d'être très limités", avec un Sénat sans majorité et l'irruption d'un "élément perturbateur", le mouvement contestataire 5 Etoiles de Beppe Grillo.

Pas de dissolution dans l'immédiat

Pour l'heure, le parlement ne peut pas être dissous. Il doit tout d'abord élire, en mai, un nouveau président de la République pour succéder à Giorgio Napolitano. Dans ce contexte, deux possibilités qui s'offrent au chef du Parti démocrate (PD, gauche) Pier Luigi Bersani, qui devrait être nommé président du Conseil, mais elles sont toutes les deux "extrêmement compliquées".

M. Bersani peut s'allier au Peuple de la Liberté (PDL) de Silvio Berlusconi dans une "grande coalition" à l'allemande. Mais cela semble "quasiment impossible" à M. Lazar et "très risqué" pour les deux formations. "C'est donner encore plus d'espace à Grillo", qui pourra se présenter comme le seul grand opposant, explique-t-il.

Le "Cavaliere" a déjà dit réfléchir à une telle coalition. Pour M. Lazar, "c'est extrêmement habile" et "typiquement Berlusconi": après avoir mené campagne sur le registre anti-politique, il vient se présenter en chef politique responsable, en homme d'Etat, et met tout de suite le PD sur la défensive, analyse-t-il.

Navigation à vue

Autre possibilité: former un cabinet associant le centre-gauche et les centristes de M. Monti, avec le soutien du M5S au Sénat - comme en Sicile. Mais Marc Lazar voit très peu de sujets sur lesquels les trois partenaires peuvent tomber d'accord. En outre, les "Grillini" sont "des gens assez imprévisibles", ajoute-t-il.

Résultat des courses: un tel gouvernement s'annonce déjà "instable, fragile, incertain"; il risque de naviguer à vue et ne pourrait pas tenir bien longtemps, souligne M. Lazar. Il pourrait poursuivre les réformes en cours, assaisonnées de quelques mesures sociales, et "surtout" tenter d'adopter une nouvelle loi électorale.

Si, en fin de compte, M. Bersani constate qu'il n'est pas possible de former un cabinet, il pourrait renoncer et demander au chef de l'Etat de désigner, non un gouvernement technique comme celui de Mario Monti, mais un gouvernement "institutionnel" dirigé par une personnalité d'une grande autorité morale et qui pourrait être soutenue par le PD et le PDL.

Cette équipe devrait bénéficier d'une certain crédibilité et rassurerait les milieux internationaux. Son objectif sera de réformer la loi électorale pour permettre d'assurer une plus grande stabilité.

"Cochonnerie"

La loi électorale prévoit que la coalition arrivée en tête à la Chambre des députés bénéficie ainsi automatiquement de 340 sièges et s'assure une confortable majorité. Au Sénat, le bonus a été instauré sur une base régionale, ce qui risque de déboucher sur des majorités opposées ou l'absence de majorité.

Ce texte avait été adopté peu avant les élections de 2006. La gauche l'avait alors dénoncé comme faite sur mesure par la droite pour l'empêcher de gagner. Son propre auteur, Roberto Calderoli, membre de la Ligue du Nord, l'avait qualifiée de "cochonnerie" ("porcata").

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