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Le deal de Boko Haram au Nigeria: des lycéennes contre des prisonniers

Les jeunes lycéennes enlevées mi-avril par la secte islamiste Boko Haram au Nigeria serviront de monnaie d'échange contre la libération de prisonniers de la secte, a menacé son leader ce lundi.

12 mai 2014, 16:34
Abubakar Shekau, chef de Boko Haram a prévenu lundi qu'il ne libérerait les jeunes lycéennes enlevées mi-avril au Nigeria qu'en échange de prisonniers de la secte islamiste.

Le chef de Boko Haram a prévenu lundi qu'il ne libérerait les jeunes lycéennes enlevées mi-avril au Nigeria qu'en échange de prisonniers de la secte islamiste qui sévit dans le nord-est du pays. Il affirme aussi les avoir converties à l'islam.

"Ces filles dont vous vous préoccupez tant, nous les avons en fait libérées (...) et vous savez comment on les a libérées? Ces filles sont devenues musulmanes", affirme Abubakar Shekau dans une nouvelle vidéo diffusée lundi. "Nous ne les libérerons qu'après que vous aurez libéré nos frères" emprisonnés, ajoute-t-il.

Abubakar Shekau précise qu'un tel échange ne concernerait que "celles qui ne se sont pas converties" à l'Islam. Celles ayant accepté de devenir musulmanes sont devenues "des soeurs", ajoute-t-il.

Mais le gouvernement nigérian lui a opposé une fin de non-recevoir: "Ce n'est pas à Boko Haram et aux insurgés de poser leurs conditions", a déclaré le ministre de l'Intérieur Abba Moro. "Il n'est pas question d'échanger une personne contre une autre". A la question de savoir s'il rejetait une telle condition, il a répondu "bien sûr".

Nouvelle revendication

Dans cette vidéo obtenue par l'AFP, le chef de Boko Haram parle pendant 17 minutes, assis devant un fond vert, apparemment une pièce de tissu. Lors de son intervention, il apparaît souriant, en tenue militaire et avec une kalachnikov appuyée sur son épaule.

S'exprimant en arabe, puis en haoussa, la langue la plus parlée dans le nord du Nigeria, il a revendiqué de nouveau cet enlèvement, comme il l'avait déjà fait lundi dernier. Abubakar Shekau avait alors menacé de traiter les jeunes filles comme des "esclaves", de les "vendre sur le marché" et de les "marier" de force.

La vidéo montre ensuite environ 130 adolescentes assises à l'air libre, dans un lieu non identifié, en train de réciter la "fatiha", l'une des principales sourates du Coran. Les jeunes filles sont habillées de longs voiles noirs et gris, laissant juste leurs visages découverts.

Résignées mais pas terrifiées

Trois d'entre elles sont interrogées dans cette vidéo: deux disent qu'elles étaient chrétiennes et se sont converties à l'islam, alors que la troisième déclare qu'elle était déjà musulmane. L'une des filles affirme, le regard fuyant et visiblement sous la contrainte, que les captives ne sont pas maltraitées.

A aucun moment de la vidéo, Shekau n'apparaît en compagnie des lycéennes, qui ont l'air abattues, résignées, mais pas terrifiées. Rien ne permet de dire où elle a été tournée, mais sa qualité est bien meilleure que d'autres diffusées dans le passé par le groupe islamiste.

Au total, 276 lycéennes avaient été enlevées le 14 avril à Chibok, dans l'Etat de Borno (nord-est), l'un des fiefs de Boko Haram. Majoritairement musulman, cet Etat abrite néanmoins une communauté chrétienne importante. Onze autres jeunes filles ont été enlevées le 4 mai, dans une autre localité du même Etat.

Mobilisation internationale

La diffusion de cette nouvelle vidéo intervient alors que la mobilisation mondiale s'intensifie. Après les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France qui ont envoyé ces derniers jours des experts au Nigeria pour aider les forces de sécurité à rechercher les jeunes filles, Israël a à son tour proposé son aide dimanche, comme l'avait fait la Chine vendredi.

Dimanche, François Hollande a proposé un sommet sur la sécurité au Nigeria, qui devrait rassembler samedi à Paris les dirigeants d'au moins cinq pays africains: le Nigeria et quatre de ses voisins, le Tchad, le Cameroun, le Bénin et le Niger.

Le président du Niger Mahamadou Issoufou s'est par ailleurs entretenu vendredi du "problème Boko Haram" avec la sous-secrétaire adjointe aux Affaires africaines des Etats-Unis, Bisa Williams, a indiqué cette dernière lundi à la télévision nigérienne Télé Sahel.

"Le Niger connait très bien le Nigeria et le président Issoufou a une grande vision de ce qui s'y passe et c'est évident qu'on a discuté" avec lui de Boko Haram, a expliqué la diplomate américaine.

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