Le CICR est déterminé à reprendre ses activités en Ukraine, malgré la mort de son délégué il y a une semaine. Le corps du délégué suisse tué à Donetsk, Laurent Du Pasquier, a été rapatrié jeudi en Suisse. Une cérémonie d'adieux aura lieu vendredi à la Collégiale de Neuchâtel.
"Nous sommes encore sous le choc de la mort de Laurent Du Pasquier", a déclaré lors d'une conférence de presse à Genève le directeur des opérations du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Dominik Stillhart.
Le corps du délégué suisse a été rapatrié jeudi, a-t-il indiqué. Toutes les opérations du CICR en Ukraine sont gelées depuis le 2 octobre.
Le directeur des opérations du CICR pour l'Europe centrale et de l'Est s'est rendu cette semaine à Kiev avec le directeur adjoint des opérations pour "comprendre ce qui s'est passé" et comment poursuivre les activités dans l'est de l'Ukraine en assurant la sécurité du personnel de l'organisation, a précisé M. Stillhart.
Revoir le dispositif
"Il nous faut revoir notre dispositif, où nous pouvons travailler, ce que nous pouvons faire, mais nous sommes déterminés à reprendre nos opérations en Ukraine", a affirmé Dominik Stillhart. Il a souligné que les besoins sont importants, le cessez-le-feu très fragile et qu'à l'approche de l'hiver 300'000 déplacés ont besoin d'aide.
"Nous avons demandé aux autorités de faire une enquête. Nous ne sommes plus sur place à Donetsk. Jusqu'à présent, nous n'avons aucun élément pour dire d'où les tirs sont venus et qui sont les responsables" de la mort du délégué, a dit le directeur des opérations du CICR.
Il a rappelé que le délégué suisse tué à Donetsk la semaine dernière est le troisième délégué mort cette année dans l'exercice de ses fonctions, après un autre expatrié suisse assassiné le 4 juin à Syrte en Libye, Michael Greub, et un employé local le 8 mars en République centrafricaine.
"Cela montre à quel point il est difficile de maintenir un accès aux victimes dans un grand nombre de pays", a-t-il souligné.
Menaces de l'Etat islamique
Enchaînant sur la situation en Syrie et en Irak, le responsable du CICR a indiqué que l'organisation n'a pas de contact avec la direction de l'Etat islamique (EI). "L'accès aux zones contrôlées par l'EI en Irak est extrêmement limité", a-t-il dit.
Les seuls contacts sont entretenus avec des tribus soutenant localement l'EI en Irak, qui ont prévenu le CICR "de ne pas envoyer d'expatrié dans ces zones car ils seront kidnappés", a précisé M. Stillhart.
Le CICR n'a pas d'accès au territoire syrien à partir de la Turquie, "en raison de relations difficiles avec le gouvernement d'Ankara". Toutefois, il a pu réaliser des opérations à travers les lignes de front en Syrie ces dernières semaines, notamment à Alep, mais "l'aide est loin d'être suffisante".
Trou financier
L'institution a aussi alerté jeudi les donateurs sur sa situation financière. En raison de la multiplication des crises cette année, et à la suite de onze extensions budgétaires, il manque actuellement 132 millions de francs dans un budget record de 1,3 milliard de francs, a indiqué le directeur des opérations.
Les activités au Soudan du Sud sont particulièrement sous-financées. Il manque 40 millions sur les 130 millions indispensables "pour éviter une famine l'année prochaine" dans ce pays, a averti Dominik Stillhart.