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Lampedusa: le bilan dépasserait les 300 décès, la polémique enfle

Au large de Lampedusa, une mer agitée empêche les sauveteurs de se rendre sur le lieu du naufrage du bateau qui a coûté la vie à au moins 300 migrants. Dans le même temps, la polémique enfle sur l'intervention des secours.

05 oct. 2013, 18:00
Les pêcheurs locaux ont jeté une couronne de fleurs au large du port de Lampedusa vendredi matin.

La polémique faisait rage samedi en Italie 48 heures après le naufrage qui a emporté environ 300 migrants au large de l'île de Lampedusa. Les autorités italiennes et européennes sont montrées du doigt pour leur inaction, alors que les recherches de nouveaux corps ont été suspendues en raison du mauvais temps.

Les autorités italiennes envisageaient samedi de renflouer le bateau de migrants qui a fait naufrage jeudi à Lampedusa avec un bilan toujours estimé de 300 morts et disparus, alors que les recherches de survivants ont été suspendues en raison d'une météo défavorable.

Une mer agitée par des vents de force 4 empêchait en effet les plongeurs de poursuivre la récupération des cadavres, dont seulement 111 ont été repêchés tandis que 155 personnes ont été sauvées.

Une hypothèse serait de "remonter l'épave", a indiqué Leonardo Ricci, porte-parole de la police douanière sur l'île. Selon lui, "les prochaines immersions (de plongeurs) serviront à voir comment faire". L'épave gît à 550 mètres de la côte et par 40 mètres de fond. "C'est une horreur en bas, des dizaines de corps, peut-être des centaines. Ils sont empilés les uns sur les autres", a témoigné un plongeur.

Samedi, le son des sirènes a retenti et une couronne de fleurs a été jetée à la mer. Des pêcheurs de Lampedusa ont de cette manière rendu hommage aux migrants qui ont trouvé la mort. Mais il se pourrait que le bilan de cette tragédie, le pire drame de l'immigration en Italie depuis 1996 (283 morts), ne puisse jamais être définitivement établi.

La polémique enfle

Des accusations de personnes qui ont sauvé des naufragés estimaient pour leur part que les secours envoyés par les autorités avaient mis trop longtemps à arriver, suscitant la polémique en Italie.

Un pêcheur a déclaré qu'il avait fallu environ 45 minutes aux garde-côtes pour arriver sur place, alors que le naufrage avait eu lieu à environ cinq cents mètres de la côte de Lampedusa. Les garde-côtes ont rejeté l'accusation, affirmant au contraire être arrivée sur les lieux 20 minutes après un premier appel de détresse.

Par ailleurs, ce pêcheur a indiqué que lorsque son bateau est rentré au port de Lampedusa avec 47 survivants, il a été empêché de repartir en mer parce que les garde-côtes lui auraient indiqué qu'ils devaient obtenir une autorisation officielle pour le faire.

"J'aurais pu sauver plus de naufragés si les secours étaient arrivés à temps et s'ils nous avaient permis de ressortir plutôt que d'attendre la permission de Rome", a-t-il déclaré samedi.

Filippo Marini, porte-parole des garde-côtes, a déclaré qu'une "autorisation" n'était pas requise, mais que la garde côtière devait coordonner les opérations de secours lorsqu'elles impliquent à la fois des navires officiels et des navires privés. "Sinon ce serait le chaos", a-t-il dit.

Rôle de Frontex

Un autre aspect de la polémique actuelle est la mise en cause par le gouverneur de Sicile, Rosario Crocetta, de l'agence européenne Frontex, chargée de coordonner la surveillance des frontières extérieures de l'Union européenne.

"Où était Frontex jeudi matin ? N'ont-ils pas de radar ? Est-il plausible que personne n'ait vu ce bateau ?", a demandé le gouverneur.

La France, par la voix de son Premier ministre Jean-Marc Ayrault, a demandé aux responsables européens de se réunir rapidement sur la question. C'est un drame terrible (...) C'est important que les responsables politiques européens en parlent, et vite, ensemble", a-t-il dit.

De plus, le maire de Lampedusa, Giusi Nicolini, a estimé qu'une loi italienne très controversée pourrait avoir dissuadé certains citoyens de se porter au secours des naufragés. Cette loi réprime les personnes considérées comme ayant facilité une immigration illégale. "Le gouvernement doit changer ces normes inhumaines", a déclaré Mme Nicolini.

 

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