La Grèce paie ses dettes, rouvre ses banques et augmente la TVA

Après trois semaines de fermeture, les banques ont rouvert lundi, jour où la Grèce règle à la BCE et au FMI plus de six milliards d'euros. La TVA quant à elle subit une forte hausse.

20 juil. 2015, 17:25
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La Grèce a entrepris lundi de payer à la BCE et au FMI plus de six milliards d'euros, tout en rouvrant ses banques avec des services encore très limités, après trois semaines de fermeture. Le pays encaisse également cette semaine le choc d'une importante hausse de TVA.

La Grèce n'est plus en défaut de paiement vis-à-vis du Fonds monétaire international (FMI) après avoir soldé ses arriérés de paiement de près de 2 milliards d'euros (2,1 milliards de francs), a annoncé l'institution lundi. Athènes a désormais de nouveau accès aux financement et prêts du FMI.

Le pays devait également verser dans la journée à la Banque centrale européenne (BCE) 4,2 milliards d'euros, intérêts compris, dus lundi même.

Le tout a été rendu possible par le déblocage, par l'Union européenne, de 7,16 milliards d'euros destinés à la Grèce. Le transfert avait été annoncé vendredi dans la foulée de l'accord signé lundi dernier entre Athènes et ses créanciers.

Il n'en restera plus grand-chose lundi soir, car la Grèce a aussi prévu de rembourser dans la journée un prêt de 500 millions à la Banque de Grèce, arrivé à échéance fin juin.

Services bancaires encore limités

Par ailleurs, toutes les succursales des banques du pays ont rouvert. Les clients se sont présentés en nombre, mais sans affluence exceptionnelle, ont constaté des journalistes de l'AFP. Les services offerts restent très limités, légèrement assouplis par rapport au contrôle des capitaux instauré depuis le 29 juin.

Les Grecs peuvent recommencer à utiliser leurs cartes de crédit pour des achats à l'étranger. Des exceptions sont aussi créées pour ceux devant payer des soins médicaux ou des études hors de Grèce.

Ramener les économies

Auparavant, chaque Grec pouvait retirer un maximum de 60 euros par jour aux distributeurs. Seuls les retraités pouvaient aller à certains guichets restés ouverts pour retirer 120 euros par semaine.

Désormais, il sera possible par exemple de retirer 300 euros (5 x 60 euros) d'un seul coup vendredi, puis 420 euros (7 x 60) le vendredi suivant. Les conditions "distributeurs" s'appliqueront aussi aux guichets pour les personnes sans carte de retrait.

La TVA augmente de 10 points

La TVA est passée quant à elle lundi de 13% à 23% pour les denrées non périssables et la restauration, mais aussi les courses de taxis, les préservatifs, ou encore les enterrements. Elle reste inchangée à 13% pour l'hôtellerie et est légèrement réduite à 6% pour les médicaments, les livres et les places de spectacle.

Le gouvernement en espère des recettes supplémentaires annuelles de quelque 2,4 milliards d'euros à partir de 2016 et de 795 millions d'euros cette année.

Le Parlement grec avait voté dans la douleur mercredi ces hausses de TVA, conformément aux engagements pris lors d'un sommet européen mouvementé à Bruxelles. En échange, ses partenaires ont promis un nouveau plan d'aide, le troisième depuis 2010.

Les experts de retour

En même temps que ce plan, d'un montant d'au moins 80 milliards d'euros, la Grèce espère une réduction de son énorme dette qui atteint 175% du PIB. Mais la chancelière allemande Angela Merkel a répété dimanche qu'il "ne peut pas y avoir dans l'union monétaire de 'haircut' classique, c'est-à-dire la réduction de 30 [ou] 40% de la dette", sans fermer la porte à d'autres formes d'allègement.

Pour la première fois depuis des mois, des experts de la BCE, du FMI et de la Commission européenne, l'ancienne "troïka", symbole pour les Grecs de mise sous tutelle de leur pays, sont attendus à Athènes cette semaine. Ils devront évaluer l'état d'une économie éprouvée par les restrictions financières.

Semaine cruciale pour Tsipras

La semaine sera aussi cruciale pour l'avenir du Premier ministre Alexis Tsipras. L'accord de Bruxelles exige le vote mercredi de nouvelles réformes (justice civile, législation bancaire). Selon le journal Avgi, proche de Syriza, M. Tsipras fera de ce nouveau vote un "crash test" et démissionnera si les défections augmentent.