Le Royaume-Uni, l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Australie ou encore la Suisse ont appelé ou recommandé leurs ressortissants à quitter au plus vite Benghazi en Libye. La ville est le théâtre de violences récurrentes et Londres juge "imminente" une "menace" visant les Occidentaux. Tripoli juge injustifié ces appels au départ.
"Nous sommes maintenant au courant d'une menace spécifique et imminente contre les Occidentaux à Benghazi et demandons aux Britanniques qui sont là-bas en dépit de nos conseils de partir immédiatement", a annoncé jeudi à la mi-journée le ministère britannique des Affaires étrangères dans un communiqué.
"Nous ne pouvons pas faire de commentaire sur la nature de la menace", a ajouté le ministère. Il a précisé que l'ambassade britannique à Tripoli était "en contact avec les ressortissants britanniques dont elle a les coordonnées" pour leur demander de quitter Benghazi, ville de l'est de la Libye en proie à une insécurité grandissante.
Le ministère allemand des Affaires étrangères a également appelé ses ressortissants à quitter "en urgence la ville et la région de Benghazi", dans une note d'information publiée sur son site internet. "Des renseignements dont dispose le gouvernement fédéral établissent des risques concrets immédiats visant les citoyens occidentaux à Benghazi", selon ce document.
Recommandation du DFAE
La France a aussi recommandé ses ressortissants de s'abstenir temporairement de se rendre à Benghazi. Aux Pays-Bas, un avis de voyage qui appelle à "ne pas voyager vers et à travers Benghazi" a été diffusé lundi et renforcé jeudi.
A son tour l'Australie a émis vendredi un bulletin à l'usage de ses ressortissants évoquant "une menace spécifique et imminente". "Il existe un risque d'attentats de représailles contre des cibles occidentales en Libye" après l'intervention française au Mali, indique le ministère des Affaires étrangères.
La Suisse recommande elle aussi à ses ressortissants de quitter la ville de Benghazi. Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) souligne sur son site Internet que la décision de quitter Benghazi est une décision personnelle. Il rappelle que les voyages en Libye ne devraient être entrepris qu'en cas de motif impératif et que les voyages touristiques sont déconseillés.
"Asseoir notre autorité"
Berceau de la révolution qui a renversé le colonel Mouammar Kadhafi en 2011, Benghazi a été le théâtre récent de plusieurs explosions et d'une vague d'assassinats.
Ces actes de violence ont notamment ciblé des diplomates étrangers avec l'attentat le 11 septembre 2012 contre le consulat américain qui avait coûté la vie à quatre Américains, dont l'ambassadeur en Libye Chris Stevens, et l'attaque le 12 janvier contre le consul d'Italie.
Furieux, le vice-ministre libyen de l'Intérieur, Abdallah Massoud, a estimé que rien ne justifiait la mise en garde de Londres. "Nous reconnaissons qu'il y a des problèmes de sécurité à Benghazi et ceci depuis plusieurs mois. Mais il n'y a pas de nouvelles données qui puissent justifier cette réaction de Londres", a-t-il déclaré.
"Au contraire. Maintenant, nous sommes en train d'asseoir notre autorité dans l'Est et dans toute la Libye", a-t-il ajouté, exprimant son "étonnement" vis-à-vis du ton "très musclé" utilisé par Londres. Les attentats à Benghazi sont généralement attribués aux islamistes radicaux, sévèrement réprimés sous Mouammar Kadhafi, qui tenteraient de se venger de leurs anciens bourreaux.