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L'UA veut l'ajournement des poursuites contre le président kényan

L'Union africaine (UA) a décidé que le président kényan Uhuru Kenyatta ne devrait pas se rendre devant la Cour pénale internationale (CPI), tant qu'une requête d'ajournement formulée par l'UA n'a pas reçu de réponse, a annoncé samedi le chef de la diplomatie éthiopienne. Le procès doit s'ouvrir le 12 novembre.

12 oct. 2013, 20:50
FILE - In this Monday, March 4, 2013 photo, Kenyan Presidential candidate, Deputy Prime Minister Uhuru Kenyatta, casts his vote, accompanied by his wife Margaret Wanjiru Gakuo, right, at the Mutomo primary school near Gatundu, north of Nairobi, Kenya. Kenya's election commission announced early Saturday, March 9, 2013, that Kenyatta prevailed in the country's presidential elections by the slimmest of margins, winning 50.03 percent of the vote. (AP Photo/Ben Curtis, File)

L'Union africaine (UA) a demandé samedi l'ajournement des procédures engagées contre les deux hommes forts du gouvernement kényan poursuivis pour crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI). Celle-ci a été qualifiée d'"impérialiste" et de raciste par le président du Kenya Uhuru Kenyatta.

Réunis en sommet extraordinaire, les chefs d'Etat et de gouvernement ont estimé plus largement que les dirigeants en exercice jouissaient d'une immunité et qu'aucun d'eux ne devrait être traduit devant un tribunal international durant son mandat.

Dans sa résolution finale, l'UA "demande par conséquent le sursis des poursuites contre le président et le vice-président du Kenya". Et l'UA de dénoncer "la politisation et l'utilisation abusive des inculpations des dirigeants africains par la CPI".

Aucun responsable jugé

L'UA réclame que cet ajournement intervienne avant le début du procès de M. Kenyatta, prévu le 12 novembre à La Haye. Le procès de son vice-président William Ruto - et de son coaccusé, l'animateur radio Joshua arap Sang - s'est lui ouvert le 10 septembre.

Selon le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Tedros Adhanom Gebrayesus, dont le pays assure la présidence en exercice de l'UA, l'organisation a estimé que M. Kenyatta ne devrait pas se rendre à La Haye, tant que l'UA n'aurait pas reçu de réponse.

MM. Kenyatta et Ruto, élus en mars, sont les premiers dirigeants en exercice jugés par la CPI. Ils sont poursuivis séparément depuis 2011 pour leur rôle présumé dans les terribles violences post-électorales de 2007 au Kenya.

Selon les défenseurs des droits de l'homme, aucun responsable de ces violences - qui ont fait un millier de morts et plus de 600'000 déplacés fin 2007 et début 2008 - n'a été jugé.

L'UA compte également proposer au Conseil de sécurité le renvoi des poursuites contre le président soudanais Omar el-Béchir. Il fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide au Darfour (ouest du Soudan).

"Chasse raciale"

M. Kenyatta a lancé samedi, devant ses pairs, sa plus violente critique contre la CPI depuis son inculpation, la qualifiant de "jouet des pouvoirs impérialistes en déclin". Et d'insister: "Tout le monde sauf l'Afrique semble exempt de rendre des comptes".

"Cette Cour agit sur demande des gouvernements européens et américain, contre la souveraineté des Etats et peuples africains. (...) Des gens ont qualifié cette situation de 'chasse raciale', j'ai de grandes difficultés à être en désaccord", a-t-il tonné.

Le Premier ministre éthiopien et président en exercice de l'UA, Hailemariam Desalegn, avait déjà utilisé le terme de "chasse raciale" pour dénoncer le fait que seuls des Africains ont été inculpés ou jugés depuis le début des travaux de la Cour en 2002. Il s'agit d'un "traitement inique" de l'Afrique par la CPI, a-t-il dénoncé à l'ouverture du Sommet.

Mme Dlamini-Zuma avait de son côté estimé que l'Afrique devrait aussi "renforcer la capacité de (ses) systèmes judiciaires, nationaux et continentaux (...), afin que la CPI devienne en réalité une Cour de dernier ressort".

La demande d'ajournement "n'est rien d'autre qu'une nouvelle tentative de faire dérailler et de retarder la justice pour les victimes kényanes", a pour sa part critiqué le vice-directeur de la Commission kényane des droits de l'Homme. Selon l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, le débat vise davantage à protéger les "leaders" que les "victimes".

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