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L'arabe, ce moteur à deux temps

06 mars 2010, 05:59

BLAISE HOFMANN écrivain

Le «temps», c'est trois colonnes dans «Le Petit Robert», mais qu'un seul mot.

Les arabophones, eux, lui en consacrent deux: «waqt», le temps du sablier, celui des secondes et des années, et «zamân», un temps sans début ni fin qui dépasse la vie humaine et lui donne tout son sens. Ainsi prennent-ils peut-être mieux conscience que le «waqt» s'est emballé, qu'il a rompu avec le «zamân». L'homme moderne végète volontiers lorsqu'il faut agir et se précipite lorsqu'il faudrait attendre: bienvenu dans la dictature du temps court, la tyrannie du «waqt»!

La langue arabe aide ainsi à mieux saisir les précipitations de l'Histoire, les rendez-vous manqués et les somnolences du monde de l'après-11 septembre, l'invasion quasi instantanée de certains pays «non alignés», le synchronisme (et l'uniformisation!) des informations livrées sur la Toile, l'extrême précarité des places boursières, les décisions présidentielles ajustées à la taille des mandats, la sacro-sainte...

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