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Journalistes d'Al-Djazira condamnés: "un verdict désastreux"

Les trois journalistes d'Al-Djazira détenus depuis six mois en Egypte pour diffusion de fausses informations été condamnés lundi à des lourdes peines de prison. Le verdict a provoqué un tollé à travers le monde.

23 juin 2014, 18:37
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La justice égyptienne a prononcé des peines de sept à dix ans de prison contre trois journalistes de la chaîne de télévision Al-Djazira, accusés d'avoir soutenu les Frères musulmans. Le verdict a aussitôt suscité une levée de boucliers à l'étranger.

L'Australien Peter Greste, basé au Kenya, et le Canado-Egyptien Mohamed Fahmy, chef du bureau du Caire d'Al-Djazira en anglais, ont été condamnés à sept ans de prison. Leur collègue égyptien Baher Mohamed a écopé d'une peine supplémentaire de trois ans de prison pour détention d'armes.

Les trois journalistes étaient détenus au Caire depuis le 29 décembre. Ils étaient poursuivis pour avoir publié de fausses informations de nature à saper l'intérêt national et d'avoir fourni de l'argent, du matériel et des informations à un groupe de 17 Egyptiens.

Au total, 20 personnes comparaissaient dans cette affaire. Seize Egyptiens étaient accusés d'appartenance à une "organisation terroriste" - les Frères musulmans - et d'avoir cherché à "nuire à l'image de l'Egypte". Quatre étrangers se voyaient reprocher d'avoir diffusé "de fausses nouvelles" en vue de soutenir la confrérie.

Par contumace

Sur les neuf qui étaient détenus, outre MM. Fahmy, Greste et Baher, deux ont obtenu un acquittement et quatre autres ont écopé de sept ans. Huit autres accusés étaient également jugés en leur absence. Ils ont tous écopé de 10 ans de prison.

L'Egypte considère Al-Djazira comme le porte-voix du Qatar, auquel elle reproche son soutien aux Frères musulmans. Doha de son côté dénonce ouvertement la répression contre les pro-Morsi en Egypte.

Le bureau d'Al-Djazira en Egypte a fermé le 3 juillet 2013, jour de la destitution de l'ancien président Mohamed Morsi issu des Frères musulmans.

Coup de massue

A l'annonce du verdict, Fadel Fahmy s'est écrié: "Ils vont payer pour ça, ils vont payer pour ça! Je le jure!". Le frère de Peter Greste, Andrew, s'est dit dévasté: "C'est dur de trouver les mots pour décrire ce que nous ressentons. Ce n'est vraiment pas ce que nous attendions, nous espérions un acquittement".

Peter Greste avait auparavant travaillé pour la BBC et reçu plusieurs prix prestigieux. "Nous continuerons à nous battre pour sa libération", a ajouté son frère.

Jour noir pour la presse

Al-Djazira a qualifié le verdict d'injuste. "Il n'y a aucune justification à la détention de nos trois collègues. Les avoir gardés en détention 177 jours est une honte. Les condamner défie la logique, le bon sens et toute apparence de justice", a réagi la chaîne du petit émirat gazier après l'annonce du verdict. Elle a demandé à l'Egypte d'invalider le verdict et les sentences.

Mais un responsable à la présidence égyptienne a indiqué qu'aucune grâce présidentielle ne pouvait intervenir avant qu'une cour d'appel n'ait statué sur l'affaire.

Ambassadeurs convoqués

L'Australie s'est dite "consternée". Les Pays-Bas et le Royaume-Uni, deux pays dont des ressortissants journalistes ont été condamnés par contumace, ont convoqué les ambassadeurs d'Egypte. La Haye a ajouté qu'elle évoquerait ce sujet avec l'Union européenne.

"C'est un verdict désastreux pour ces hommes et leurs familles et un jour noir pour la liberté de la presse en Egypte", a estimé Amnesty International (AI) dans un communiqué.

«La seule raison pour laquelle ces trois hommes sont en prison est que les autorités égyptiennes n’apprécient pas ce qu’ils ont à dire. Ce sont des prisonniers d’opinion qui doivent être libérés immédiatement et inconditionnellement", ajoute AI.

Sentence effrayante

Les sentences ont été annoncées au lendemain de la rencontre au Caire entre le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le nouveau président égyptien Abdel Fattah al Sissi.

Le chef de la diplomatie américaine s'est élevé contre le verdict à l'encontre des journalistes: "La condamnation d'aujourd'hui est une sentence effrayante et draconienne", a déclaré M. Kerry lors d'une conférence de presse dans la capitale irakienne.

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