La justice italienne a condamné mercredi soir à la perpétuité deux responsables d'un attentat ayant fait huit morts et 102 blessés en 1974 à Brescia (nord). Pour les proches des victimes, cette décision rend enfin justice.
La cour d'appel de Milan a condamné à la prison à vie l'ex-militant du mouvement d'extrême-droite d'Ordre nouveau, Carlo Maria Maggi, et un ancien responsable des services secrets, Maurizio Tramonte. C'est un "verdict vraiment décisif et extrêmement important en ce qui concerne la réflexion collective sur cette période", a relevé le président de l'association des victimes de l'attentat, Manlio Milani.
L'Italie a subi une série d'attentats ayant fait des dizaines de morts durant les "années de plomb". Aucune condamnation définitive n'a jamais pu être prononcée contre l'extrême-droite, pourtant presque toujours désignée, parfois condamnée en première instance, mais bénéficiant ensuite de la prescription ou d'un jugement favorable en appel ou en Cassation.
La décision de la cour d'appel de Milan peut encore fait l'objet d'un recours devant la cour de Cassation, mais il est très probable que la cour confirme ce jugement, selon les experts cités dans la presse italienne. C'est elle en effet qui avait renvoyé les deux accusés devant la cour d'appel après avoir annulé un jugement d'une cour d'assises les ayant innocentés en 2010.
En cas de condamnation définitive, Carlo Maria Maggi, aujourd'hui âgé de 80 ans et de santé fragile, n'ira pas en prison. Mais il pourrait en être autrement pour Maurizio Tramonte, âgé de 63 ans.
Un des pires attentats en Italie
La décision de la cour d'appel de Milan est "historique, parce que jamais jusqu'à présent on n'avait été aussi clair à désigner la responsabilité d'Ordre nouveau et des services secrets dans les attentats de cette période", a relevé jeudi l'éditorialiste du quotidien La Stampa.
L'attentat de Brescia fait partie des plus grands actes terroristes survenus en Italie, avec celui perpétré piazza Fontana à Milan en 1969 et qui avait fait 16 morts, et à la gare de Bologne en 1980 (85 morts).