Au rythme effréné des conversations, le cendrier s’enlise sous les mégots de cigarettes. «Moi, voter pour l’AKP? Hors de question! Plus jamais!», s’étrangle Ahmet. Dans ce petit café de Tarlabasi, quartier de prédilection de nombreux Kurdes, à deux pas de la place Taksim d’Istanbul, ce chef cuisinier de 39 ans a retrouvé, comme à chaque pause, ses copains du coin pour une partie de cartes.
Cette fois-ci, c’est la municipale de demain – reconduite sous prétexte d’irrégularités – qui domine le jeu. «Recep Tayyip Erdogan, je l’ai soutenu depuis qu’il était maire d’Istanbul (réd: en 1994). Et son parti aussi. J’ai cru aux réformes économiques, au processus de paix, à la main tendue aux Kurdes. Mais je ne me reconnais ni dans la dérive autoritaire, ni dans le conflit qui a ensanglanté le Sud-Est. Et encore moins dans cette récente décision, absurde et injustifiée, d’annuler le vote du 31...