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Huit opposants à Poutine jugés coupables de "troubles massifs"

Un tribunal de Moscou a jugé vendredi coupables huit manifestants accusés de violences lors d'une manifestation anti-Poutine en mai 2012.

21 févr. 2014, 18:38
Huit opposants à Poutine jugés coupables

Huit prévenus - Andreï Barabanov, Stepan Zimine, Denis Loutskevitch, Iaroslav Belooussov, Artem Savelov, Sergueï Krivov, Alexandra Doukhanina et Alexeï Polikhovitch - étaient poursuivis pour avoir participé à des "troubles massifs" et pour "violences envers les forces de l'ordre" lors d'une manifestation le 6 mai 2012. Le Parquet a requis entre cinq et six ans de détention. L'énoncé des peines a été reporté à lundi.

"Un jugement cruel ne résoudra pas les problèmes mais en créera plutôt de nouveaux, et brisera la vie de nos clients", a déclaré l'un des avocats de la défense, Dmitri Agranovski, à la sortie du tribunal.

Jusqu'à un millier de partisans des prévenus s'étaient rassemblés en fin de matinée devant le tribunal, bouclé par un cordon de sécurité, criant "Liberté". Parmi eux, les deux jeunes femmes du groupe contestataire Pussy Riot récemment libérées de prison, Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina, ainsi que l'opposant Alexeï Navalny.

Arrestation

Environ 200 personnes ont été interpellées pour trouble à l'ordre public lors de ce rassemblement, a indiqué la police moscovite citée par les agences russes. Parmi elles figurent Maria Baronova et Vladimir Akimenkov, qui avaient été inculpés dans cette affaire puis amnistiés en décembre à l'occasion des 20 ans de la Constitution.

Une trentaine de personnes au total ont été inculpées dans l'"affaire Bolotnaïa", du nom de la place du "marais" au centre de la capitale russe, où avait dégénéré la manifestation du 6 mai 2012 contre l'investiture le lendemain de Vladimir Poutine pour un troisième mandat de président.

Certains l'ont été pour avoir jeté des bouteilles en plastique sur des policiers, d'autres pour avoir renversé des cabines de toilettes publiques ou résisté aux forces de l'ordre. D'après le code pénal, la notion de "troubles massifs" signifie "atteinte à l'ordre public par une foule, incendie volontaire, destruction de biens, utilisation d'armes à feu, d'explosifs".

Aucun tué ni blessé grave ni coups de feu ou incendie volontaire n'ont été évoqués au cours de cette manifestation.

Le Parquet affirme que 82 policiers ont été blessés au cours des affrontements dont l'origine reste controversée, l'opposition accusant les forces de l'ordre de les avoir provoqués pour justifier un tour de vis contre toute velléité de contestation. Des dizaines de manifestants avaient également été blessés.

D'autres attendent

Dans le cadre de cette affaire, deux opposants - qui avaient reconnu leur culpabilité - ont été condamnés à quatre ans et demi et deux ans et demi de camp de travail, et dix autres personnes ont été amnistiées en décembre. Quatre autres attendent encore le début de leur procès.

La plupart des inculpés sont des citoyens ordinaires qui n'appartiennent à aucun mouvement politique, tel Iaroslav Belooussov, étudiant en sciences politiques à la prestigieuse université d'Etat de Moscou.

L'affaire Bolotnaïa implique aussi le dirigeant du Front de gauche Sergueï Oudaltsov, qui est, lui, poursuivi pour avoir selon l'accusation, organisé des troubles massifs, un crime passible de 10 ans de camp. Son procès, ainsi que celui d'un de ses proches, Leonid Razvozjaev, s'est ouvert mardi à Moscou.

L'ex-oligarque et critique du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski, qui a passé dix ans en prison avant d'être gracié en décembre et contraint de facto à l'exil, a estimé dans un texte publié par la radio Echo de Moscou que le jugement des huit manifestants serait à coup sûr "répressif et sévère" et qu'une "nouvelle page honteuse s'inscrirait dans l'histoire de la Russie", avec l'envoi en prison d'innocents.

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