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France: des élus dorment dans la rue pour dénoncer le sort des sans-abri

En France, en pleine vague de froid, plusieurs élus de la région parisienne ont passé la nuit de mercredi à jeudi dans les rues de la capitale. Leur objectif ? Dénoncer les conditions de vie des sans-abri. Mais entre action militante et opération de communication, la démarche divise.

01 mars 2018, 08:33
Entre action militante et opération de communication, la démarche divise.

Sacs de couchage, couvertures chaudes et doudounes de rigueur. Ils étaient près d'une trentaine d'élus de Paris et sa banlieue à avoir répondu mercredi soir à l'appel de Mama Sy, conseillère municipale sans étiquette d'Étampes, dans l'Essonne. Alors qu'une vague de froid balaie l'Hexagone depuis bientôt une semaine, la jeune édile avait invité hommes et femmes politiques de tous bords à venir dormir dans les rues de la capitale, comme de vrais sans-abri, rapporte le Figaro.

Face à une centaine de journalistes, les élus, qui portent tous une écharpe tricolore en bandoulière, tentent tour à tour de mettre en évidence les conditions de vie difficiles des SDF. «En 2018, en France, 140.000 personnes vivent encore dans la rue. En 2017, 500 personnes y ont perdu la vie à cause du froid ou de la faim. Depuis janvier, en Île-de-France, vingt personnes y sont décédées. C'est scandaleux», s'indigne Mama Sy, également éducatrice spécialisée en Seine-Saint-Denis. Lors d'un précédent comptage, la mairie de Paris a estimé à 3000 le nombre de SDF dans la capitale.

Succès mitigé

Après plus d'une heure de discussions avec la presse, le cortège va à la rencontre de quelques sans-abri, pas tous heureux de voir débarquer des dizaines de politiques et caméras. Les membres du collectif Association Collectif Liberté, Égalité, Fraternité, Ensemble, Unis (ACLEFEU) se sont greffés au groupe et ont prévu de distribuer quelques vivres pendant la nuit. Philippe Robin, membre du collectif «Un cœur, un toit», donne de la voix: «On en a marre, on est à bout. Vous ne savez pas ce que c'est de crever de froid sur un trottoir, de se prendre des coups de pied, de se faire piller son squat ou de se faire bouffer par les rats», lance-t-il aux élus. Cet homme d'une cinquantaine d'années, qui a passé dix ans dans la rue, effectue chaque jour des maraudes pour aider ses amis restés SDF. «On n'a pas de moyens, on travaille à l'ancienne, mais on ne laisse pas tomber nos frères», confesse-t-il.

 

 

Au fil de la soirée, le nombre de politiques présents ne cesse de s'effriter. Par ailleurs, aucun lieu précis pour dormir n'a été choisi pour la nuit des élus qui se sont vite retrouvés éparpillés autour d'Austerlitz. Un geste «volontaire», selon Mama Sy, car «on ne sait pas où aller lorsqu'on se retrouve à la rue du jour au lendemain». Finalement, ils ne seront qu'une dizaine à réellement dormir sur les trottoirs de la capitale. «La vraie solution ce n'est pas ça, c'est le concret», concède Adama Daouda-Kouadio, conseiller municipal socialiste du XIXe arrondissement. Plus tôt dans la journée, le groupe Parisiens progressistes, constructifs et indépendants (PPCI) du Conseil de Paris s'était montré très critique envers cette initiative: «La responsabilité d'un élu n'est pas d'aller dormir dans la rue pour faire “plus vrai'', mais de trouver des solutions pour sortir ceux qui y sont». Sur place, d'autres élus sont également sceptiques quant à l'utilité de cette action: «L'important, ce n'est pas tant d'être là et d'essayer de tenir dans la rue le plus longtemps possible, ce n'est pas un jeu. Le but, c'est de montrer que la situation est invivable pour les sans-abri», confie l'une d'elle.

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