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France: Alstom dit oui à General Electric, accord entre l'Etat et Bouygues

Un accord a été conclu dimanche 22 juin avec Bouygues pour que l'Etat puisse entrer au conseil d'administration d'Alstom dès que l'alliance avec General Electric sera finalisée.

22 juin 2014, 21:26
Economy Minister Arnaud Montebourg, gestures as he speaks during a panel of the Open Internet Project in Paris, Thursday, May 15, 2014.  The French government is broadening its authority to intervene when foreign companies want to buy firms the state considers vital, including in the sectors of transport, health and communications. The order released Thursday goes into effect immediately, potentially giving the Socialist government more leverage amid General Electric's $17 billion for the energy division of the French conglomerate Alstom, which makes power plant turbines and pioneered high-speed TGV trains. (AP Photo/Michel Euler)

Le groupe industriel français Alstom a dit "oui" au projet d'alliance avec General Electric (GE) sur ses activités énergie. De son côté, l'Etat français a conclu un accord avec Bouygues pour pouvoir entrer au conseil d'administration d'Alstom dès que l'alliance sera finalisée.

L'Etat s'est donné environ deux ans pour racheter les 20% du capital qu'il convoite à Bouygues ou sur le marché et devenir le principal actionnaire d'Alstom. Entre-temps, Bouygues lui cède ses droits de vote au conseil d'administration, précisent Bouygues et le ministère de l'Economie dans des communiqués séparés.

"Nous avons un accord (...) qui permet à l'Etat de devenir le principal actionnaire d'Alstom, à hauteur de 20% comme prévu", a expliqué le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg sur France 2.

Acheter au prix le plus bas

"Nous avons une option d'achat que Bouygues nous a consentie, qui nous permet d'acheter lorsque le prix sera le plus bas possible car nous ne souhaitons pas dépenser inconsidérément le patrimoine des Français", a-t-il ajouté.

L'Etat veut acheter au prix du marché, actuellement 28 euros. De son côté, Bouygues estime que le cours du titre ne reflète pas la valeur de l'entreprise et souhaite vendre 35 euros. Durant ces 20 mois, il parie sur une hausse des cours, qui conduira l'Etat dans le cadre de ces options à lui acheter ses titres sur une base de 35 euros qui sera alors le prix du marché.

L'entrée au capital et au conseil d'administration se fera une fois finalisée l'alliance entre Alstom et GE, soit après consultation des instances représentatives du personnel, du feu vert des régulateurs et de l'approbation des actionnaires. Cela pourrait ne pas intervenir avant "la fin du premier trimestre 2015", indique une source proche du dossier.

"Vigilance patriotique"

Vendredi, le gouvernement s'était prononcé en faveur du projet de l'américain face à celui du tandem germano-nippon Siemens/Mitsubishi Heavy Industries. Il avait annoncé, dans le même temps et à la surprise générale, qu'il comptait devenir l'actionnaire principal d'Alstom afin d'exercer sa "vigilance patriotique", selon les mots de M. Montebourg.

Mais sans attendre l'annonce d'un accord entre Bouygues et Bercy, Alstom dessinait déjà les futurs contours de sa nouvelle entité. "Si ce projet était mené à bien, Alstom se concentrerait sur ses activités dans le domaine du transport et sur son alliance avec GE dans le domaine de l'énergie" et utiliserait le produit de la cession notamment "pour renforcer ses activités transport".

Après accord entre Bouygues et l'Etat, la réalisation de l'opération sera encore "subordonnée à la consultation des instances représentatives du personnel, à l'obtention des autorisations réglementaires, y compris au titre du décret relatif aux investissements étrangers en France".

Et c'est aux actionnaires que reviendra "la décision finale". Samedi soir, le conseil d'administration d'Alstom avait "unanimement décidé d'émettre un avis favorable à l'offre de GE", dans le cadre de laquelle il devrait empocher 12,35 milliards d'euros (15 milliards de francs) pour la vente sous conditions de ses activités énergie, mettant presque fin à un dossier qui défraye la chronique économique depuis avril.

Projet trois fois gagnant

"C'est un projet trois fois gagnant. Pour Alstom, dont il devrait renforcer les positions et les emplois", pour GE et pour l'Etat (français), car "le projet d'accord me paraît pleinement répondre aux préoccupations du gouvernement dans l'énergie et le transport", s'est réjoui le PDG d'Alstom Patrick Kron, dans un entretien au "Journal du Dimanche".

Patrick Kron assure également dans cet entretien qu'il passsera "le relais" une fois l'opération avec GE finalisée, ce qui prendra de temps, reconnaît-il. "C'est un formidable projet industriel" qui va "créer un champion mondial de l'énergie", a jugé de son côté le PDG de l'américain, Jeffrey Immelt.

Des coentreprises

Le conglomérat américain proposait depuis fin avril de racheter pour 12,35 milliards d'euros les activités énergie d'Alstom, qui constituent 70% de son chiffre d'affaires, le pôle transport ferroviaire constituant le reste.

Depuis jeudi, il offrait en plus de créer trois coentreprises à parité (turbines à vapeur, réseaux et énergies renouvelables) avec Alstom et de lui céder son activité de signalisation ferroviaire.

Surtout, dans l'alliance à 50-50 dans les turbines à vapeur (qui équipent les réacteurs des centrales nucléaires d'Electricité de France, EDF), l'Etat français aurait un droit de veto (en souscrivant des actions de préférence) assorti de droits de gouvernance.

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