Réconcilier l’Amérique

epa09414435 Anti vaccination demonstrators (L) and counter protesters clash during an anti-vaccination protest organized in front of the City Hall in Los Angeles, California, USA, 14 August 2021. The protest took place as demonstrators gathered to protest against a COVID-19 vaccination mandate. Anti-masks, pro-recall against current California governor Gavin Newsom, pro-Trump and pro-gun stances were also part of the protesters' claims. EPA/ETIENNE LAURENT

Des manifestants anti-vaccination (g.) et des contre-manifestants s’affrontent lors d’une manifestation organisée devant l’hôtel de ville de Los Angeles en Californie en août 2021. KEYSTONE/EPA/ETIENNE LAURENT

Il faudra plus qu’un ou même deux mandats pour juger s’il a un peu comblé les profonds clivages partisans que son prédécesseur Donald Trump avait contribué à creuser.

Aux législatives de novembre 2022, à défaut d’éliminer la droite radicale du paysage, le parti du président l’a tenue en respect lors de scrutins qui se sont déroulés dans le calme. Joe Biden a même rallié quelques parlementaires conservateurs autour de grands projets d’investissements et d’une loi protégeant le mariage pour tous.

Il se vante aussi d’avoir promu la diversité comme peu de présidents avant lui: Joe Biden est secondé par la première femme vice-présidente de l’Histoire des Etats-Unis, Kamala Harris, et est représenté par une porte-parole noire et lesbienne, Karine Jean-Pierre.

Malgré une personnalité plutôt amène et un positionnement centriste, il divise profondément: selon un sondage Reuters-Ipsos en décembre 2022, 85% des républicains désapprouvent son action, 76% des démocrates l’approuvent. Sa cote de popularité auprès de l’ensemble des électeurs reste, elle, basse: 43% mi-février 2023.

Relancer l’économie

epa10284873 A person shops at a grocery store in Washington, DC, USA, 03 November 2022. According to reports, the price of groceries has risen thirteen percent year-on-year due to soaring inflation. EPA/MICHAEL REYNOLDS

La hausse des prix due à l’inflation a des répercussions sur les ménages, comme ici à Washington (DC) en novembre 2022. KEYSTONE/EPA/MICHAEL REYNOLDS

Grâce à la vaccination, le pays a tourné la page du Covid-19 et l’économie a pu être relancée. La première économie mondiale a bouclé 2022 sur une croissance de plus de 2% et avec un très faible taux de chômage, nettement sous les 4%.

Ce rebond s’est accompagné d’une inflation historique. Mais les prix se calmaient au début de l’année, semblant confirmer le scénario de Joe Biden, celui d’un atterrissage «en douceur».

Le président a aussi fait voter des investissements majeurs dans les infrastructures, les industries de pointe et la transition énergétique, dont les effets se feront sentir pendant des années.

Mais les inégalités, les plus prononcées de tous les pays développés, ont recommencé à augmenter en 2021, pour la première fois depuis dix ans.

Renouer les alliances internationales

President Joe Biden walks with Ukrainian President Volodymyr Zelenskyy at St. Michael's Golden-Domed Cathedral on a surprise visit, in in Kyiv, Monday, Feb. 20, 2023. (AP Photo/ Evan Vucci) © Copyright 2023 The Associated Press. All rights reserved

Le président américain Joe Biden a rendu visite à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky en février 2023 à Kiev. KEYSTONE/AP Photo/Evan Vucci

Joe Biden a rétabli des relations infiniment plus cordiales que son prédécesseur Donald Trump avec les alliés traditionnels du pays.

Face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il a été le pilote de la réponse occidentale, à coups de sanctions et d’aide militaire, jusqu’à convaincre la Suède et la Finlande de rejoindre l’Otan.

Mais le président est décidé à porter d’abord les intérêts des Etats-Unis, afin de tenir tête à la Chine, brutalement s’il le faut.

Il avait promis de mettre fin aux guerres de l’Amérique et a ordonné un retrait d’Afghanistan qui, à la fin du mois d’août 2021, a tourné à la débâcle.

Pour renforcer les Etats-Unis dans la zone Pacifique, il a soufflé aux Français un énorme contrat de sous-marins avec l’Australie, et, plus largement, ne lâche pas ses projets de réindustrialisation, même s’ils irritent les Européens et certains pays asiatiques.

Climat

File - Wind turbines operate in Livermore, Calif., on Wednesday, Aug. 10, 2022. Across Europe companies are weighing up the U.S. Inflation Reduction Act's $375 billion in benefits for renewable industries against the European Union's fragmented response. (AP Photo/Godofredo A. Vásquez, File) © Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved

D’importants investissements ont été consentis dans les énergies renouvelables, ici des éoliennes à Livermore, en Californie en août 2022. KEYSTONE/AP Photo/Godofredo A. Vásquez

L’une des premières décisions du 46e président des Etats-Unis a été de revenir dans le grand accord de Paris sur le climat.

Joe Biden, qui prend toujours soin de lier le souci de l’environnement et la création d’emplois, a fait voter des investissements pharaoniques en faveur de la transition énergétique et de la mobilité verte.

Mais ce président farouchement centriste a aussi toujours pris soin de protéger les approvisionnements d’hydrocarbures des Etats-Unis.

Immigration, armes, drogue, minorités

Jenn Bennett, who is high on fentanyl, sits on her skateboard with a visible black eye as her friend, Jesse Williams, smokes the drug in Los Angeles, Tuesday, Aug. 9, 2022. Use of fentanyl, a powerful synthetic opioid that is cheap to produce and is often sold as is or laced in other drugs, has exploded. Because it's 50 times more potent than heroin, even a small dose can be fatal. It has quickly become the deadliest drug in the nation, according to the Drug Enforcement Administration. Two-thirds of the 107,000 overdose deaths in 2021 were attributed to synthetic opioids like fentanyl, the U.S. Centers for Disease Control and Prevention says. (KEYSTONE/AP Photo/Jae C. Hong) © Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved

Deux personnes se droguent au fentanyl, un opiacé qui fait des ravages dans le pays, à Los Angeles en août 2022. KEYSTONE/AP Photo/Jae C. Hong

Trois sujets emblématiques à la fois des plus profondes divisions de l’Amérique et des échecs de Joe Biden, la faute à sa marge de manoeuvre institutionnelle très limitée.

Le président a démarré son premier mandat sans domination parlementaire nette, il le finit avec un Congrès divisé: un Sénat démocrate, une Chambre des représentants républicaine.

Il a par ailleurs contre lui de nombreux Etats gouvernés par des républicains radicaux et une Cour suprême très conservatrice.

Joe Biden n’a pas interdit comme promis les fusils d’assaut, malgré plusieurs tueries. Il n’a rien pu ou su faire lorsque la Cour suprême a mis fin au droit constitutionnel à l’avortement. Il n’a pas non plus porté de grande législation pour protéger l’accès au vote des Afro-Américains ou pour répondre aux violences policières.

Le président américain a mis fin à la construction du mur que voulait Donald Trump à la frontière avec le Mexique, mais les arrivées de migrants se poursuivent sans qu’il ait réussi à réformer le système d’immigration.

Joe Biden n’a pas non plus jugulé une déferlante d’overdoses dues aux opiacés de synthèse.

Etats-Unis: DeSantis défie Trump pour la Maison-Blanche

Il descend dans l’arène: le républicain Ron DeSantis a déposé sa candidature formelle à la présidentielle de 2024, coup d’envoi d’une bataille contre Donald Trump qui promet d’être extrêmement acrimonieuse.