Dans un livre interview en 2010, le pape Benoît XVI avait évoqué la possibilité de sa démission au cas où il ne se serait plus senti en état de continuer. Après son annonce de retrait lundi, les réactions affluent.
Pour exprimer sa surprise, le doyen des cardinaux Mgr Angelo Sodano a parlé de "coup de tonnerre dans un ciel serein".
Une démarche courageuse, selon les évèques suisses
La démission du pape est une "démarche courageuse", estime Nicolas Betticher chargé d'information de la Conférence des évêques suisses (CES). Benoit XVI a toujours été "soucieux de servir l'Eglise d'abord". La démission de Benoit XVI est une "décision de prudence, une démarche de charité prise dans la volonté de servir l'Eglise d'abord".
En Suisse toujours, le président de la Confédération respecte la décision de Benoît XVI. Ueli Maurer s'est exprimé lundi dans un bref communiqué après avoir pris connaissance de cette décision qu'il considère "d'ordre personnel". Il souhaite à "Monsieur Joseph Ratzinger le meilleur pour l'avenir".
Du respect dans le monde entier
Le chef du gouvernement italien démissionnaire Mario Monti s'est dit "très secoué par cette annonce", que le président français François Hollande a jugée "éminemment respectable". Le président américain Barack Obama offre ses "remerciements" à sa Sainteté, rappelant le rôle crucial de l'église catholique.
La chancelière Angela Merkel a exprimé lundi son "plus grand respect" pour la décision du pape d'origine allemande Benoît XVI de démissionner le 28 février en raison de son âge avancé. Elle a estimé que le souverain pontife "est et reste l'un des plus grands penseurs religieux de notre époque". "Si le pape lui-même, après mure réflexion, en est venu à la conclusion que ses forces ne sont plus suffisantes pour exercer sa fonction, cela suscite mon plus grand respect", a-t-elle dit.
Le coeur lourd des Anglicans
Le nouvel archevêque de Cantorbéry, Justin Welby, chef spirituel des Anglicans, a dit lundi avoir "le coeur lourd" mais ajouté qu'il comprenait "totalement" cette décision.
"C'est avec le coeur lourd mais avec une compréhension totale que nous avons appris ce matin la décision du pape Benoît XVI de renoncer à sa charge d'évêque de Rome, qu'il a remplie avec une grande dignité, clairvoyance et courage", a déclaré le responsable religieux, ajoutant qu'il parlait au nom des "anglicans du monde entier".
Adressant ses "meilleurs voeux" au souverain pontife, le Premier ministre britannique David Cameron a lui souligné que Benoît XVI avait "travaillé sans relâche à renforcer les relations de la Grande-Bretagne avec le Saint-Siège". Le pape "manquera comme chef spirituel à des millions de gens", a-t-il réagi.
Relations améliorées entre christianisme et le judaïsme
"Le pape Benoît XVI a amélioré les relations entre le christianisme et le judaïsme", a déclaré lundi le Grand rabbin ashkénaze d'Israël, Yona Metzger. Il a contribué à "une diminution des actes antisémites dans le monde", selon lui.
"Sous son autorité, les relations entre le Grand rabbinat et l'Eglise, le judaïsme et le christianisme, sont devenues beaucoup plus étroites, ce qui a conduit à une diminution des actes antisémites dans le monde", a dit à l'AFP un porte-parole du Grand rabbin, citant celui-ci, en réaction à l'annonce de la démission du souverain pontife.
Voix critique
Théologien suisse et voix critique de l'Eglise, Hans Küng respecte le choix de Benoit XVI de démissionner. Ce choix est "compréhensible pour de nombreuses raisons", a-t-il déclaré. Le théologien âgé de 86 ans, actif en Allemagne, souligne que durant son pontificat, le souverain pontife a nommé de nombreux cardinaux conservateurs. "Il sera dès lors difficile de trouver parmi eux la personne qui pourra sortir l'Eglise de sa crise complexe."