MÉLANIE GOUBY
Au fur et à mesure des mois, les lignes téléphoniques se sont coupées et, une à une, leurs voix se sont éteintes. Ils ont des noms, dont on ne sait plus s’il faut les dire, les murmurer ou les taire. Richard, Dieudoné, Ferdinand, Bruce, Evra, Natasha et les autres sont devenus des fantômes égarés quelque part dans les limbes de la crise burundaise. Peut-être morts, ou encore vivants, à défaut simplement «disparus».
Le 26 avril, il y a un an, ces jeunes des quartiers de Bujumbura descendaient dans la rue pour protester contre la décision du parti au pouvoir de nommer le président sortant, Pierre Nkurunziza, comme candidat à sa succession. Cette jeunesse, appartenant à la génération née pendant la guerre civile qui ravagea le Burundi entre 1993 et 2005, pétrie par les conséquences de ce conflit, mais éduquée et connectée, n’avait pour but que de demander le...