Cette 104 édition de Milan - San Remo entrera dans la légende pour avoir été amputée d'une cinquantaine de kilomètres en raison de conditions climatiques hivernales. Le col du Turchino étant enneigé et les organisateurs ont préféré neutraliser la course à Ovada après 117 km. La pluie qui avait douché les coureurs depuis le départ devant le Dôme s'était transformée en neige plus au sud. Les coureurs ont alors pris place dans leur bus d'équipe et ont rejoint Cogoleto au bord de la mer à 126 km de l'arrivée.
Lors du deuxième départ, les six échappés de la première heure sont partis avec un avantage de 7'10'' dans le froid (6 degrés). Ce groupe où l'on retrouvait le Danois Lars Bak et l'Espagne Pablo Lestras a tenu jusqu'à 30 km de l'arrivée pour les plus vaillants d'entre eux. Auparavant, Tom Boonen et Vincenzo Nibali avaient préféré mettre pied à terre.
A qui perd gagne
Dans la descente de la Cipressa, Philippe Gilbert a commencé à se détacher irrésistiblement. Mais le champion du monde était surveillé de près par Cancellara et Sagan. Le Français Sylvain Chavanel en profitait pour sortir en compagnie du champion de Russie Eduard Vorganov et du champion de Grande-Bretagne, Ian Stannard. Le trio comptait alors 27'' d'avance sur le peloton des favoris au bas du Poggio, dernière difficulté de la journée, à 10 km de la ligne d'arrivée.
Au sommet, Chavanel et Stannard possédaient encore quelques secondes d'avance sur Cancellara, passé à l'attaque. Dans la descente, Sagan a repris la tête du groupe de chasse derrière le duo. Le Slovaque avait dans sa roue Cancellara, Ciolek, et Luca Paolini. La jonction s'est effectuée à 3,5 km de la ligne. Commençait alors un jeu du chat et de la souris entre Sagan et les autres. En particulier, Cancellara, qui voue au Slovaque une solide inimitié depuis deux saisons. Le Bernois n'a pas pris un relais, quitte à tout perdre quand Stannard a attaqué à deux reprises.
Sagan a dû mener la plupart du temps. Il n'a pas hésité à lancer le sprint de loin mais il manquait de force dans les derniers 100 m et était remonté sur son côté gauche par Ciolek. Cancellara n'était pas loin de «sauter» le Slovaque sur la ligne. «Je suis déçu parce que je suis devant mais je rate mon sprint. Quand Chavanel a produit son effort dans le sprint, j'ai anticipé car je sais qu'il va vite. Ciolek m'a surpris. Les autres équipes ont couru en fonction de nous. La rivalité avec Cancellara ? Non, ça n'explique pas le résultat. J'ai commis une erreur dans le sprint», relevait Sagan.
De son côté, Cancellara a prouvé qu'il tenait la condition avant des classiques plus sélectives comme le Tour des Flandres et Paris - Roubaix.
L'Allemand de Cologne (26 ans) court cette saison pour l'équipe sud-africaine MTN Qhubeka, qui avait décroché une invitation pour disputer la «Primavera». La saison dernière, il portait les couleurs de la formation Omega Pharma. Il a été sacré champion du monde espoirs en 2006 mais est vainqueur pour la première fois de sa carrière d'une grande classique.