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Charnier dans un camion: quatre suspects liés à la mort de migrants incarcérés en Hongrie

Trois Bulgares et un Afghan ont été écroués par la justice hongroise. Ils sont soupçonnés d'avoir transporté les 71 réfugiés retrouvés morts dans un camion jeudi. Ce drame traduit la crise des migrants que traverse l'Europe.

08 sept. 2015, 17:02
Investigators search  traces at  a  truck that  stands on the shoulder of the highway A4 near Parndorf south of Vienna, Austria, Thursday, Aug 27, 2015. At least 20 migrants were found dead in the truck parked on the Austrian highway leading from the Hungarian border, police said. (APA/ROLAND SCHLAGER)

En Hongrie, les suspects sont trois Bulgares - le propriétaire du camion et deux chauffeurs - et un Afghan, soupçonnés d'être les "petites mains" d'un gang. Ils ont été présentés devant le tribunal de Kecskemét, ville à mi-chemin entre Budapest et la frontière serbe, l'un des principaux points d'entrée dans l'UE pour des dizaines de milliers de migrants.

Leur détention a été prolongée jusqu'au 29 septembre. Cette période pourrait encore être prolongée "si les charges ne sont pas présentées d'ici cette date", a précisé un porte-parole du tribunal.

Crime "exceptionnel"

Le parquet avait réclamé que les quatre hommes - deux âgés d'une trentaine d'années, les deux autres quinquagénaires - soient maintenus en détention en raison de la "nature exceptionnelle" du crime dont ils sont accusés, leur reprochant notamment d'avoir mené leur trafic d'êtres humains "à la manière d'un business".

Selon les premiers éléments de l'enquête, les 71 morts - dont huit femmes et quatre enfants, vraisemblablement syriens - auraient péri asphyxiés dans le camion abandonné sur la bande d'arrêt d'urgence d'une autoroute de l'est de l'Autriche, près de la Hongrie.

Enfants déshydratés

Par ailleurs, trois enfants fortement déshydratés ont été retrouvés vendredi dans un camion chargé de migrants intercepté par la police autrichienne, rapporte samedi l'agence de presse APA. Le poids lourd transportait 26 réfugiés originaires de Syrie, d'Afghanistan et du Bangladesh lorsqu'il a été contrôlé par les forces de l'ordre dans la petite ville de Sankt Peter am Hart, située non loin de la frontière allemande.

Selon les policiers, les enfants étaient étourdis par la chaleur et la moiteur du camion. "Des membres du personnel médical nous ont dit qu'ils n'auraient pas pu survivre très longtemps", a dit un policier autrichien. Le conducteur, un Roumain âgé de 29 ans, a été arrêté tandis que les enfants et les parents ont été conduits à l'hôpital de Braunau.

Arrestations en Libye

Ces drames ne sont que le dernier d'une série de tragédies qui ont causé la mort ces derniers mois de milliers de migrants. Jeudi, un bateau transportant environ 400 migrants a fait naufrage au large de la Libye. A ce jour, seuls 198 personnes ont été secourues, et 111 cadavres repêchés, selon le dernier bilan du Croissant-Rouge.

Trois hommes d'une vingtaine d'années, soupçonnés d'être impliqués dans l'organisation du départ de ce bateau, ont été arrêtés, a-t-on appris samedi de source sécuritaire. Ils sont également accusés d'être liés au départ d'autres bateaux en direction de l'Italie.

"Nous pensons que d'autres personnes sont impliquées et nous les recherchons", a ajouté un responsable sous couvert de l'anonymat. Les arrestations de passeurs sont rares en Libye où le pouvoir judiciaire peine à se faire respecter.

Appel de Ban Ki-moon

Partageant l'émotion suscitée par ce drame, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit "horrifié" par cette "tragédie humaine" qui, a-t-il insisté, "appelle une réponse politique collective et déterminée".

Et alors que plusieurs Etats européens rechignent à donner asile aux dizaines de milliers de réfugiés, M. Ban a appelé à la mise en place de "canaux légaux et sûrs de migration".

Prise de conscience européenne

Le chef de la diplomatie italienne Paolo Gentiloni a de son côté estimé que le drame survenu en Autriche a provoqué une prise de conscience commune aux Vingt-Huit. "Dans les heures de la découverte de la tragédie, je me trouvais à Vienne pour un sommet de l'Europe et des Balkans. Il suffisait de regarder les visages des collègues pour comprendre: nous sommes tous impliqués", a-t-il dit.

"Jusqu'à récemment, l'idée s'imposait que c'était seulement une urgence italienne et grecque, mais, ces dernières semaines, s'est imposée la prise de conscience d'un problème touchant l'Europe entière. Dans les deux derniers mois, la perception a évolué de manière significative", a-t-il estimé dans entretien à La Repubblica.

La maire "indignée" de Barcelone, Ada Calau, a de son côté proposé la création d'un réseau de "villes-refuges" européennes pour les réfugiés, en réponse au drame humanitaire en cours qui ne s'arrêtera "ni avec des murs, ni avec des barbelés".

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