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Biélorussie: nouvelles arrestations d’opposants après une manifestation monstre

Le mouvement de protestations pour demander la démission d’Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, entre dans sa troisième semaine. De nombreux citoyens ont été arrêtés, ainsi que des leaders grévistes.

24 août 2020, 16:32
Cette image, réalisée à partir d'une vidéo fournie par la société nationale de télévision et de radio de Biélorussie, montre le président Alexandre Loukachenko armé d'un fusil de type Kalachnikov saluant les policiers anti-émeutes près du Palais de l'indépendance à Minsk.

Les autorités bélarusses ont multiplié lundi les arrestations d’opposants et de leaders grévistes au lendemain d’une nouvelle manifestation monstre contre les résultats de la présidentielle contestée du 9 août.

Le mouvement inédit de protestation contre Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, entre dans sa troisième semaine. Mais le chef de l’Etat multiplie les déclarations et mises en scène martiales.

Deux membres du «Conseil de coordination» destiné à promouvoir une transition pacifique du pouvoir, Sergueï Dilevski et Olga Kovalkova, ont été interpellés lundi par la police antiémeute à l’entrée de l’emblématique usine de tracteurs de Minsk (MTZ), pour avoir illégalement organisé une grève, selon leurs partisans. Le Conseil de coordination est soumis à la pression des autorités qui ont engagé la semaine dernière contre lui des poursuites pour «atteinte à la sécurité nationale».

 

 

Le président du comité de grève d’une autre importante usine, Alexandre Lavrinovitch, a également été appréhendé par la police, ont déclaré des ouvriers à l’AFP. De même que le coprésident du comité de grève du producteur de potasse Belaruskali, Bokoun Anatoli, selon le comité de grève local des mineurs.

Outre ses manifestations quotidiennes, l’opposition a déclenché des grèves qui ont touché des secteurs clés de l’économie bélarusse. Mais celles-ci ont perdu de leur ampleur après de multiples pressions des autorités sur les salariés.

Loukachenko martial

Olga Kovalkova avait pour sa part déposé une plainte auprès de la Cour suprême vendredi pour obtenir l’annulation de la présidentielle, officiellement remportée par Alexandre Loukachenko avec 80% des suffrages. L’annonce de ces résultats, jugés frauduleux, a déclenché l’actuel mouvement de contestation. Dimanche, quelque 100’000 personnes ont manifesté dans les rues de la capitale, comme elles l’avaient déjà fait le 16 août.

 

 

Alexandre Loukachenko n’a quant à lui cessé de montrer les muscles depuis le début de ces actions de protestation, dénonçant un complot occidental ou renforçant l’armée aux frontières. Il a accusé le Conseil de coordination de l’opposition de vouloir «s’emparer du pouvoir» et menacé de «refroidir certaines têtes brûlées» en son sein.

«Situation critique»

L’égérie de l’opposition, Svetlana Tikhanovskaïa, qui revendique la victoire à la présidentielle et s’est réfugiée en Lituanie, doit pour sa part s’exprimer mardi devant une commission du Parlement européen. Et elle a rencontré lundi à Vilnus le numéro 2 du département d’Etat américain Stephen Biegun.

«M. Loukachenko ne bénéficie du soutien ni du peuple bélarusse ni de la communauté internationale. Chaque jour, il refuse d’accepter la volonté de son peuple, ne faisant que prolonger la crise et l’aggraver», a-t-elle déclaré au cours de cette rencontre.

 

 

En déplacement en Ukraine, le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas a quant à lui réitéré l’appel européen au chef de l’Etat bélarusse à accepter le dialogue pour régler une «situation critique». Et d’ajouter: «Je pense que Loukachenko voit que ces dernières semaines les rues se sont remplies de manifestants. C’est pourquoi nous appelons à ne pas recourir à la violence, à respecter les droits des manifestants.»

L’UE a rejeté les résultats de la présidentielle et a promis de nouvelles sanctions contre un nombre «substantiel» de responsables du pouvoir bélarusse. Le Kremlin, qui a mis en garde contre toute «ingérence étrangère» chez son voisin et critiqué l’opposition, a néanmoins constaté lundi que la manifestation de la veille s’était déroulée «sans provocations».

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