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Bangladesh: parti islamiste interdit par la justice

Le principal parti islamiste du Bangladesh a été interdit par la justice du pays. Celle-ci estime que son programme n'est pas conforme avec la Constitution laïque du pays.

01 août 2013, 16:27
Les activistes du parti islamiste interdit ont réagi dans de violentes manifestations au nord de la capitale.

La justice du Bangladesh a interdit jeudi le principal parti islamiste du pays, le Jamaat-e-Islami. Cette décision fait craindre la réaction de ses partisans, dont plusieurs dirigeants ont récemment été condamnés pour des crimes commis pendant la guerre d'indépendance.

Le magistrat de la Haute cour, Moazzem Hossain, a déclaré que le tribunal a estimé que le programme du parti était contraire à la Constitution laïque. Selon Shahdeen Malik, un membre de la commission électorale chargé de préparer les prochaines échéances prévues en janvier, cette décision signifie que le parti islamiste ne pourra présenter de candidats.

Toutefois, "s'il amende son programme pour le mettre en conformité avec la Constitution et demande de nouveau son enregistrement, il pourra être réinscrit", a-t-il précisé.

Le Jamaat a immédiatement interjeté appel de cette décision auprès de la Cour suprême, accusant les juges d'avoir cédé aux pressions du gouvernement de la première ministre, Sheikh Hasina.

Alors que de nombreux policiers et des membres d'un corps d'élite des forces de sécurité étaient déployés autour du tribunal dans le centre de Dacca, après l'énoncé de la décision, les partisans du parti interdit ont commencé à défiler dans les rues de la capitale et d'une douzaines d'autres villes en bloquant des rues et en attaquant des véhicules, selon la police.

Justice saisie en 2009 déjà

Aux abords de la ville de Bogra, des bandes de partisans du Jamaat-e-Islami ont mis le feu à un autobus et endommagé plusieurs voitures, a indiqué un haut responsable de la police, Syed Abu Sayem.

La justice du Bangladesh a été saisie en janvier 2009 par un mouvement soufi - considéré comme une expression mystique de l'islam - qui réclamait l'exclusion du Jamaat de la vie politique bangladaise. Les organisations laïques demandaient aussi son interdiction en raison de son rôle dans la guerre d'indépendance en 1971.

Lors de l'intervention de l'Inde à la fin du conflit, signifiant la défaite imminente du Pakistan, les milices pro-Islamabad ont massacré des dizaines d'enseignants, de réalisateurs, de médecins et de journalistes.

Violents heurts depuis janvier

Le Bangladesh a créé en mars 2010 le controversé "Tribunal international des crimes" (ICT) pour juger les criminels, dont des dirigeants ou ex-dirigeants du Jamaat. Quatre ont déjà été condamnés à la peine de mort.

Le parti accuse le pouvoir d'avoir créé ce tribunal - baptisé ainsi en dépit de toute supervision d'institution internationale - pour des motifs politiques, la plupart des personnes poursuivies appartenant à l'opposition.

Depuis le premier verdict le 21 janvier, 150 personnes ont trouvé la mort lors de heurts entre les forces de l'ordre et des membres du Jamaat-e-Islami. Huit hommes politiques, dont six appartenant au Jamaat et deux au principal parti d'opposition, le Bangladesh Nationalist Party (BNP), sont toujours en cours de jugement par l'ICT.

Selon le gouvernement, la guerre de 1971 a fait trois millions de morts mais des instances indépendantes estiment que le bilan s'élève à entre 300'000 et 500'000 morts.

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