Nicolas Sarkozy, mis en examen dans le volet abus de faiblesse de l'affaire Bettencourt, s'est pourvu en cassation contre l'arrêt de la cour d'appel de Bordeaux validant l'instruction. Une source proche du dossier l'annonce.
La plupart des onze autres mis en examen ont fait de même, y compris l'ancien ministre UMP Eric Woerth. Tous avaient jusqu'à lundi soir pour prendre une décision.
La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Bordeaux a validé mardi dernier l'instruction menée par les trois juges bordelais chargés du dossier et notamment l'expertise médicale au coeur de l'affaire. ( )
Nicolas Sarkozy et les autres mis en examen sont soupçonnés d'avoir profité de l'état de démence sénile dont Liliane Bettencourt est, selon cette expertise, atteinte depuis 2006 pour lui soutirer de l'argent.
Mis en examen
Depuis cet arrêt, Me Thierry Herzog, l'avocat de Nicolas Sarkozy, s'est montré d'une grande discrétion, ce qui a nourri de nombreux commentaires sur la stratégie de l'ex-président qui pouvait espérer, selon des rumeurs, un non-lieu de la part des juges, qui n'ont pas encore délivré leur ordonnance de renvoi ou non devant le tribunal correctionnel.
Nicolas Sarkozy a finalement décidé de se joindre aux autres mis en examen, faute de connaître les intentions des juges d'instruction, a estimé Me Benoît Ducos-Ader, l'un des avocats des parties civiles.
"Il ne pouvait pas faire autrement, Eric Woerth non plus. Ils y sont obligés en raison du délai pour le pourvoi. Ensuite, s'ils le veulent, ils pourront toujours se désister quand ils connaîtront la position du juge Gentil", a-t-il dit à Reuters.
Me Jean-Yves Le Borgne, avocat d'Eric Woerth, a ainsi précisé que son client s'était pourvu en cassation "à titre conservatoire".
Urgence requise
Certains des mis en examen ont demandé à la Cour de cassation un examen en urgence compte tenu de la présence dans le dossier d'un ancien président de la République.
Mais le président de la chambre criminelle peut aussi attendre que le dossier soit arrivé à son terme, c'est-à-dire peut-être plusieurs années.
Un examen en urgence serait en tout cas le bienvenu pour Nicolas Sarkozy, pressé de mettre un terme à cette affaire ou d'être éventuellement jugé dans la perspective de la prochaine élection présidentielle, en 2017.
Dans ce cas de figure, l'usage voudrait que le juge Jean-Michel Gentil et ses deux collègues attendent l'arrêt de la Cour de cassation avant de rendre leur ordonnance de règlement, indiquer quelles personnes parmi les mis en examen doivent bénéficier d'un non-lieu et lesquelles doivent être renvoyées en correctionnelle. Ils n'y sont toutefois pas contraints.