Un tribunal italien a condamné mercredi soir à 16 ans et un mois de prison Francesco Schettino, l'ex-commandant du navire de croisière Costa Concordia. Le naufrage du paquebot avait fait 32 morts en janvier 2012 au large de la Toscane.
Celui que la presse italienne avait surnommé le "capitaine couard" parce qu'il avait déserté la passerelle de son paquebot a été reconnu coupable d'homicides et du naufrage du navire par les juges du tribunal de Grosseto (Toscane). Son procès en première instance s'était ouvert en juillet 2013.
La cour a également décidé qu'il pourrait échapper à la prison et à la mise en résidence surveillée le temps que soient épuisées toutes les voies de recours. Son avocat a annoncé que M. Schettino ferait appel du jugement.
Le parquet, face à un "tsunami de preuves", selon un des procureurs, avait réclamé 26 ans de prison à son encontre. Ses avocats avaient quant à eux plaidé l'acquittement, jugeant que ce naufrage était un accident, une "fortune de mer" pouvant arriver à n'importe quel marin.
"Idiot"
Le réquisitoire du parquet avait été particulièrement sévère à l'encontre de M. Schettino, qualifié d"'idiot" par l'un d'entre eux, Stefano Pizza. Une "offense" à l'égard d'un marin d'expérience qui a pris les décisions qu'il fallait, avait rétorqué en début de semaine Domenico Pepe, un des avocats de M. Schettino.
Me Pepe avait en particulier réfuté l'idée que l'ex-commandant ait ordonné trop tard l'évacuation du navire, assurant qu'il avait au contraire agi en marin d'expérience parce qu'il avait compris que le vent et les courants portaient le navire à la côte, où l'évacuation serait plus rapide et plus sûre.
"Schettino a eu 45 minutes pour décider de la vie de 4500 personnes" et sa décision a permis d'en sauver la très grande majorité, avait assuré Me Pepe. L'accusation estime pour sa part que l'ordre d'évacuer a été donné bien trop tard et que l'opération s'est ensuite faite dans l'improvisation.
Chute dans une chaloupe
Lors d'un interrogatoire serré début décembre, M. Schettino avait minimisé sa responsabilité, s'efforçant d'apparaître comme un commandant mal informé par son équipage. Celui-ci "faisait peine à voir du point de vue de son professionnalisme", a ainsi répété lundi son avocat, reprenant une des principales lignes de sa défense.
Mais c'est surtout sa décision de quitter le navire alors que des centaines de passagers s'y trouvaient encore qui a particulièrement choqué en Italie et au-delà. Lui a assuré avoir chuté dans une chaloupe sous l'effet de la gravité.