Ce vendredi, le classique reprend ses droits dans la capitale avec la 56e édition du Sion Festival. Jusqu’au 5 septembre, la musique rythmera les soirées des assoiffés de notes qui seront accueillis à la Ferme-Asile, centre névralgique d’une manifestation qui avait dû passer son tour l’an dernier. Pensée par Pavel Vernikov, directeur artistique du festival, la programmation riche et savoureuse puise dans la tradition sans s’empêcher de la transgresser avec de petits pas de côté burlesques et audacieux. On lève un coin du voile en compagnie d’Olivier Vocat, directeur du festival.

Le souffle de la Géorgie

L’ensemble Rustavi est une référence du chant choral grégorien. © DR

Le Sion Festival version 2021 fleure bon la Géorgie. La soirée d’ouverture vendredi donne le ton avec l’Orchestre de chambre géorgien d’Ingolstadt placé sous la baguette du russe Felix Korobov. L’ensemble qui fait référence accompagnera notamment une création signée Josef Bardanashvili rendant hommage au célèbre compositeur géorgien Giya Kancheli décédé en octobre 2019. Une première mondiale interprétée par le duo de violonistes Pavel Vernikov-Svetlana Makarova.

Kancheli sera aussi au centre du spectacle de marionnettes du Théâtre Gabriadze basé à Tbilissi. Une représentation qui se double d’une projection, au cinéma Lux, du film d’animation «Rezo», présélectionné aux Oscars 2020.

Autre pointure, le chœur d’hommes Rustavi passé maître dans l’art du chant grégorien à écouter religieusement à la cathédrale de Sion le 22 août. «C’est vocalement spectaculaire», au dire d’Olivier Vocat.

La musique déferle en ville

Le Sion Festival n’aurait pas le même esprit sans sa journée «musique en fête» organisée en collaboration avec le Conservatoire cantonal de musique et la Schubertiade Sion. Samedi, les rues et venelles de la capitale bruisseront de mille et un sons dès potron-minet. Les lève-tôt (ou les couche-tard) prendront rendez-vous à 7 heures à l’église des Jésuites avec l’ensemble Valéik.

Au mitan de ce marathon musical conçu comme un hymne à l’Italie, les clarinettes de Claribell égaieront l’espace de la Grenette. A 16 heures, le Duo O Sud fera chanter la Péninsule dans la salle des pas perdus du Grand Conseil. Avant un hommage rendu sur la place du Théâtre de Valère (17 h 15) au virtuose valaisan de l’accordéon Stéphane Chapuis, un ami du festival trop tôt disparu.

Le serpent envoûtant du célèbre musicien français Michel Godard ponctuera (19 heures) des festivités entièrement gratuites!

La reine Guenièvre à Sion

Décidément, les amateurs de «Kaamelott» sont comblés. Après le film actuellement sur les écrans romands, autour de la reine Guenièvre en personne de débarquer dans la capitale. La comédienne Anne Girouard se produira à la Ferme-Asile avec l’ensemble Agora dans une version revisitée de «L’Arlésienne» de Bizet le 27 août.

Si l’humour n’est pas omniprésent dans ce spectacle musical inédit, il surgit dans d’autres recoins de la programmation inventive de Pavel Vernikov. Comme dans la création burlesque du duo Igudesman & Joo autour de Beethoven (28 août). Les artistes qui se sont connus sur les bancs de la Yehudi Academy en Angleterre honorent avec piquant la mémoire du maître de Bonn.

Autres musiciens délirants, ceux du Quintetto Bislacco, des Tessinois espiègles arrangeant à leur sauce les monuments classiques (le 26 août). «Une sympathique porte d’entrée pour ceux qui ont peur du classique», aime à dire Olivier Vocat.

La crème des violonistes en compétition

La Danoise Anna Agafia Egholm a remporté le concours 2019. © Céline Ribordy

Il y a cent ans naissait Tibor Varga. Etabli à Grimisuat de 1956 à 2003, année de sa disparition, le maître hongrois a fait de Sion et du Valais la capitale du violon. En créant une académie, un festival puis un concours dont la première édition a eu lieu en 1967.

Son héritage rayonne encore aujourd’hui avec le Concours international de violon Tibor Varga. Vingt-huit candidats venus du monde entier (dont trois Suisses) sont aux prises cette année. «On a reçu plus de 120 candidatures, un record!» s’enthousiasme Olivier Vocat. Premier tour agendé le 28 août à l’église des Jésuites où les jeunes virtuoses interpréteront notamment la création «Stilleven» du Français d’origine arménienne Michel Petrossian présent à Sion durant ces joutes.

La grande finale se fera en deux temps les 2 et 4 septembre. «On a une soirée de musique de chambre et une autre avec orchestre», se réjouit Olivier Vocat relevant l’excellence des prétendants tous âgés de moins de 26 ans. Avec 75% de femmes, il se pourrait bien qu’on ait de nouveau (comme en 2019) une lauréate cette année pour autant qu’elle séduise le jury présidé par l’Italien Salvatore Accardo.

Des stars sans chichi

Enseignante à l’HEMU, on ne présente plus la violoniste Janine Jansen qui illumine régulièrement de son talent l’événement classique sédunois. On retrouve la virtuose néerlandaise le 1er septembre dans une œuvre commandée au compositeur vaudois Richard Dubugnon, «Piccolo Concerto Grosso». Une première mondiale où la star jouera notamment aux côtés de son mari violoncelliste Daniel Blendulf, de la violoniste Svetlana Makarova et de l’éblouissant altiste Timothy Ridout. L’orchestre du festival sera dirigé pour l’occasion par Gilbert Varga. «On tenait à ce clin d’œil puisque son papa Tibor Varga aurait eu 100 ans en juillet», explique Olivier Vocat.

Autre grand violoniste à l’affiche, le brillant Sergej Krylov en concert le 29 août, qui tient également la baguette de l’Orchestre de Lituanie. Quant à l’énergique pianiste Sergei Babayan, il ravira les mélomanes le 3 septembre dans une soirée lumineuse avec le violoniste Kolja Blacher.

Infos pratiques

Sion Festival, 56e édition, du 20 août au 5 septembre. www.sion-festival.ch

Concours de violon à Sion: en immersion avec le jury des jeunes

Le Concours international de violon Tibor Varga bat son plein à Sion. Avant le dénouement samedi, on s’est immergé dans un tour qualificatif. Avec le jury des jeunes. Impressions.