Les traders pourront continuer de spéculer sur les denrées alimentaires. L'initiative populaire de la Jeunesse socialiste a été rejetée dimanche par 59,9%% des votants. Seuls le Jura et Bâle-Ville l'ont soutenue. La gauche évoque un "succès d'estime" alors que la droite est soulagée pour l'économie.
Quelque 1,92 million de personnes ont glissé un "non" dans l'urne, 1,29 million un "oui". Les Nidwaldiens ont été les plus hostiles avec 69,2% de vetos devant les Obwaldiens (68,5%) et les citoyens d'Appenzell Rhodes-Intérieures (67,4%). Seuls deux cantons ont accepté le texte: le Jura à 50,5% et Bâle-Ville à 50,4%.
L'initiative "Pas de spéculation sur les denrées alimentaires" voulait proscrire les opérations spéculatives sur des denrées comme le maïs, le blé ou le riz. Cette interdiction aurait frappé les sociétés implantées en Suisse. Seuls des contrats portant sur la garantie des délais ou des prix fixés auraient été autorisés. But affiché: combattre les famines.
Les partisans du texte ont pointé du doigt l'extrême volatilité des prix induite par la spéculation. Des fonds d'investissements étrangers opérant en Suisse sont les acteurs d'un "marché détestable" qui influe même sur l'agriculture helvétique. En stabilisant le marché, l'initiative apporterait davantage de sécurité aux consommateurs, producteurs et commerçants.
Ces arguments ont été contestés par la droite, les milieux économiques et le Conseil fédéral. Selon eux, les famines dépendent d'autres causes comme des sécheresses ou l'augmentation des agrocarburants. L'initiative contre-productive risque de faire fuir du pays un secteur important. Elle créerait une bureaucratie "énorme" qui péjorerait une économie déjà touchée par le franc fort.