Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Pour une rénovation énergétique plus respectueuse. La chronique immobilière de l’EPFL

10 sept. 2020, 20:00
Joëlle Goyette Pernot, déléguée radon de l’OFSP pour la Suisse romande (croqAIR), Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg (HEIA-FR), Responsable du projet Mesqualair: projet collaboratif financé par le PST-FR, l’OFSP ainsi que des partenaires économiques locaux.

La qualité de l’air des habitations individuelles en Suisse romande n’est pas catastrophique mais requiert notre vigilance. C’est ce que révèlent trois récentes publications nées d’une collaboration au sein du Smart Living Lab, entre la HEIA-FR et l’EPFL, et s’appuyant sur les résultats du projet de recherche Mesqualair porté par le Centre romand de la qualité de l’air intérieur et du radon (croqAIR).

Des mesures de la qualité de l’air ont été effectuées dans 650 habitations économes en énergie dont un tiers étaient neuves et deux tiers rénovées. La forte participation des propriétaires a permis d’obtenir des résultats probants.
A part le radon, qui dispose d’une législation en Suisse, les autres polluants de l’air intérieur ne sont encadrés par aucune réglementation spécifique à ce jour. Or, notre étude montre que l’étanchéité accrue de l’enveloppe des bâtiments après rénovation énergétique, couplée à l’absence de renouvellement de l’air, induit des concentrations plus élevées de tous les polluants.

Résultats préoccupants

10% de l’ensemble des habitations testées dépassent en effet la valeur de référence de 300 Bq/m3 d’air de radon, dont seul un dixième sont des bâtiments neufs. La concentration du gaz augmente significativement après assainissement énergétique (+40% pour un échantillon de 60 bâtiments). Environ 8% de ces mêmes bâtiments dépassent la recommandation de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) de 1’000 μg/m3 pour les composés organiques volatils (COV) totaux et plus de 70 substances chimiques différentes ont été identifiées à au moins une reprise, et trois dans tous les logements, dont le formaldéhyde. Les moisissures, quant à elles, se développent aussi préférablement dans les maisons rénovées et l’occurrence d’espèces plus ou moins allergènes et toxiques dans le logement dépend de la présence ou non d’une ventilation mécanique.

Ouvrir ses fenêtres ne suffit pas

La sensibilisation des habitants aux risques associés à la présence de ces polluants, aussi bien vis-à-vis de leur santé que de la durabilité de leur logement, devrait donc s’accompagner de mesures spécifiques adaptées pour empêcher la dégradation des conditions de vie après rénovation.
Même si les occupants des logements rénovés aèrent plus fréquemment leur habitation que ceux des logements neufs, l’effet demeure insuffisant. Négliger l’impact de ces rénovations pourrait donc induire une dégradation de la santé et de la productivité de la population.

Solutions

Assurer la ventilation des logements est l’une des clés de l’amélioration de la qualité de l’air intérieur. Le développement de fenêtres intelligentes et de matériaux de construction faiblement émissifs sont aussi des pistes de recherche, tout comme la surveillance en continu de l’air intérieur. Les résultats du projet de recherche Mesqualair devraient selon nous augmenter la prise de conscience générale vis-à-vis de cet enjeu, tant au sein de la population que de la profession et des autorités. A ce titre, un Observatoire Romand de la Qualité de l’Air Intérieur, projet pilote en Suisse soutenu par l’OFSP et le Canton de Genève, est sur le point de voir le jour. 

Votre publicité ici avec IMPACT_medias