La fin de la télévision analogique n'est pas encore en vue

La fin de la télévision analogique n'est pas encore en vue malgré l'abandon par UPC Cablecom du cryptage de la TV numérique. Les câblo-opérateurs conservent cette technologie obsolète, notamment afin d'éviter les protestations d'une partie de la clientèle.

"Nous ne sommes pas pressés d'arrêter la télévision analogique", a indiqué le patron de UPC Cablecom Eric Tveter dans un entretien accordé à l'ats. Le premier câblo-opérateur de Suisse a abandonné mi-novembre le cryptage de son offre de base dans la TV numérique.

Plus de 800'000 clients de Cablecom, qui disposaient uniquement de la télévision analogique, peuvent désormais visionner 55 chaînes en numérique sans coût supplémentaire. Il n'est à présent plus nécessaire d'avoir un décodeur pour capter l'offre de base. Il suffit juste d'avoir en sa possession un téléviseur muni d'un récepteur DVB-C. La plupart des appareils modernes en sont dotés.

Ceux qui ont encore de vieux tubes cathodiques ont même la possibilité de demander depuis janvier à Cablecom un convertisseur, qui leur sera mis à disposition gratuitement.

Un câblo-opérateur qui propose aussi bien des programmes en mode analogique qu'en mode numérique est en principe obligé de diffuser dans les deux technologies. Ni la loi ni l'ordonnance n'oblige toutefois le fournisseur à proposer ses offres simultanément en analogique et en numérique, relève l'Office fédéral de la communication (OFCOM).

Afin de favoriser la numérisation, les câblo-opérateurs sont déjà autorisés à numériser totalement leur offre. Ils peuvent renoncer à toute offre analogique, à condition de proposer un paquet de base numérique équivalent sans augmenter les prix, indique l'OFCOM.

Transition

Dans un accord conclu avec le Surveillant des prix, UPC Cablecom s'est toutefois engagé à maintenir une offre analogique de base, qui peut être réduite à 10 chaînes d'ici à fin 2015. Un pont est nécessaire pour le passage du monde de la TV analogique à celui du numérique, estime Stefan Meierhans.

Dans le passé, Cablecom s'est fait taper sur les doigts pour avoir supprimé des chaînes de son offre analogique. Il y a cinq ans, l'entreprise a provoqué une vague de protestations quand elle a décidé de diffuser certaines chaînes uniquement en numérique, afin de libérer des capacités sur le réseau câblé.

Une chaîne en analogique nécessite en effet autant de place sur le réseau que huit chaînes en numérique de qualité standard ou trois en haute définition.

Des centaines de milliers de personnes ont depuis décidé de passer à la télévision numérique. Les concurrents de Cablecom Swisscom et Sunrise proposent exclusivement une offre numérique pour des raisons techniques.

Durant les trois prochaines années, quelque 2,5 millions de téléviseurs dotés d'un récepteur numérique devraient être vendus, selon les estimations de l'expert de l'OFCOM René Wehrlin. Entre-temps, plus de 80% des ménages devraient regarder la télévision numérique.

Moins de protestations

En conséquence, l'importance de la TV analogique a massivement diminué. Quand Cablecom a remplacé dans l'offre analogique la Bayerischer Rundfunk (radio bavaroise) par la chaîne alémanique destinée aux jeunes Joiz, il n'y a guère eu de réactions, fait remarquer un porte-parole du câblo-opérateur.

En 2011, on comptait encore environ 675'000 vieux téléviseurs à tube cathodique en Suisse. En 2016, ce nombre devrait être proche de zéro, estime René Wehrlin.

Le cabinet d'audit et de conseil PricewaterhouseCoopers (PwC) anticipe la fin de la télévision analogique au plus tard au 1er janvier 2017. Les câblo-opérateurs s'efforcent actuellement d'obtenir de l'OFCOM une réduction du nombre de chaînes analogiques imposées de moitié à 10.