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Banques: les taux négatifs ne sont «ni efficaces, ni nécessaires»

L’Association suisse des banquiers s’attaque aux taux négatifs, qui ne seraient plus justifiés en raison de la stabilité du prix et du fait que le franc suisse n’est plus surévalué. Les banques souffriraient en particulier de cette mesure.

24 oct. 2019, 09:40
Herbert Scheidt est le président de l'Association suisse des banquiers. (Archives)

Les taux négatifs ne sont «ni efficaces, ni nécessaires», a estimé l’Association suisse des banquiers (ASB) dans une étude sur cet instrument contesté de politique monétaire. Pour la faîtière, il est temps d’effectuer un examen critique de cette mesure, a-t-elle indiqué jeudi.

En place depuis bientôt cinq ans, les taux négatifs sont décriés par la faîtière, qui les accuse d’être devenus «la nouvelle norme» alors qu’ils avaient été adoptés plutôt comme une mesure d’urgence. «Les taux négatifs devraient être une mesure de politique monétaire exceptionnelle et temporaire», affirme les auteurs du rapport.

Les taux négatifs devraient être une mesure de politique monétaire exceptionnelle et temporaire.
Rapport de l’Association suisse des banquiers

Cet outil a permis de limiter la demande pour le franc suisse, concède la faîtière. Toutefois, la monnaie helvétique n’est désormais plus surévaluée et les prix sont stables, estime-t-elle, jugeant par conséquent qu’ils n’ont plus lieu d’être.

«Les expériences des dernières années en Suisse, en zone euro et au Japon ont montré que les objectifs pouvaient être tout juste atteints, et ce, malgré une politique monétaire extraordinairement expansive». Les auteurs mettent ainsi en doute l’affirmation selon laquelle l’inflation serait encore plus faible sans les taux négatifs et rappellent que «la phase d’inflation négative de 2011 à 2016 a été surmontée avec une remontée des prix à la consommation depuis 2017».

L’économie suisse, très dépendante du commerce extérieur s’est par ailleurs remise du renchérissement du franc. Les exportations de biens ont gagné 5% annuellement sur les deux dernières années et les produits chimiques et pharmaceutiques pèsent pour plus de la moitié des exportations helvétiques. Or, cette catégorie de produits est peu sensible aux variations de taux de change, soulignent les spécialistes. Le tourisme a également repris des couleurs, tandis que l’immobilier et le bâtiment ont profité des taux bas.

Les banques souffrent

La finance est «la seule branche significative» de l’économie à avoir essuyé un repli de sa contribution au PIB suisse, 11% moins élevée aujourd’hui qu’il y a dix ans. «Les taux négatifs sont une raison fondamentale du faible résultat des services financiers», assurent les auteurs.

L’ASB termine son argumentaire en insistant sur les «dommages collatéraux» des taux négatifs. Les effets rebonds de cette politique monétaire pèsent en effet sur de nombreux secteurs, provoquant des déséquilibres sur le marché immobilier, accentuant les difficultés pour les établissements de prévoyance et encourageant à la prise de risques, soulignent les auteurs.

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