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Votations du 5 juin: le diagnostic préimplantatoire divise les partis

Le peuple suisse se prononcera à nouveau le 5 juin sur le diagnostic préimplantatoire. Il s'agit désormais de savoir jusqu'à quel point il sera possible de mener des tests sur un embryon avant une fécondation in vitro. Pour ses opposants, le projet adopté par le Parlement ouvre la voie aux excès.

10 mai 2016, 10:05
Le diagnostic préimplantatoire permet d'analyser un embryon conçu in vitro avant son implantation dans l'utérus pour y dépister d'éventuelles anomalies.  (Illustration)

Le diagnostic préimplantatoire permet d'analyser un embryon conçu in vitro avant son implantation dans l'utérus pour y dépister d'éventuelles anomalies. Cette technique est actuellement prohibée en Suisse.

En levant l'interdiction, on entend éviter aux femmes de devoir entamer une grossesse, mener un diagnostic prénatal et, le cas échéant, recourir à un avortement. On veut aussi éviter le tourisme du diagnostic préimplantatoire, les couples se tournant actuellement vers les pays européens plus libéraux.

 

 

 

Oui mais...

Les Suisses ont déjà donné leur aval de principe le 14 juin 2015, en acceptant par 61,9% de modifier la constitution. Ils devront désormais se prononcer sur le détail de la législation prévue, le parti évangélique, les milieux chrétiens et des organisations de handicapés ayant déposé un référendum.

Les avis sont partagés au sein même de plusieurs partis. Les opposants ne forment pas non plus un groupe homogène. Un noyau dur est formé de ceux qui, pour des motifs religieux ou éthiques, repoussent l'idée d'un diagnostic préimplantatoire, voire d'un avortement.

D'autres sont plus nuancés et certains ont même voté "oui" l'an dernier. Leur opposition se cristallise sur la possibilité de mener des tests chromosomiques, une option que le Conseil fédéral avait exclue dans un premier temps. Ils craignent que des milliers de couples s'engouffrent dans la brèche.

Risque d'eugénisme

Mais surtout, en permettant de dépister la trisomie 21, on risque une dérive vers l'eugénisme. Et certains augures prédisent déjà d'autres dérives dans la sélection des enfants avant la naissance.

Les organisations de handicapés craignent en outre une pression croissante sur les parents appelés à trancher entre les embryons "dignes de vivre" et ceux qui ne le seront pas.

Au point que ces derniers doivent se justifier de faire venir au monde un enfant handicapé. Au final, c'est tout le regard de la société sur le handicap et le soutien apporté aux personnes concernées qui menace de se détériorer.

Ces arguments sont rejetés par les partisans du projet. Parmi eux on retrouve Alain Berset. Le conseiller fédéral est contraint de passer outre ses réticences et de défendre la mouture du Parlement. Mais selon lui, il s'agit d'un élargissement "modeste" et "acceptable".

Réduire la détresse

D'autres vont plus loin et qualifient d'absurde et d'inhumain un rejet du projet. Pourquoi autoriser des tests génétiques sur des foetus et les interdire sur un embryon ? Le diagnostic préimplantatoire vise à réduire la détresse des couples en supprimant les "grossesses à l'essai". Il devrait aussi permettre de réduire le nombre d'avortement.

On est loin d'une sélection des enfants à grande échelle. Pour les partisans du projet, il n'est pas question de s'en prendre aux handicapés. Ces derniers continueront d'avoir leur place dans la société. La plupart des handicaps ne sont d'ailleurs pas d'origine génétique.

Garde-fous

Et de nombreux garde-fous ont été posés pour éviter les dérives. La sélection d'embryons en fonction du sexe ou d'autres caractéristiques comme la couleur des yeux sera interdite. Pas question non plus de développer des "bébés médicaments", utilisé ensuite comme donneur de cellules souches pour un frère ou une soeur gravement malade.

Seuls les couples porteurs d'une maladie héréditaire grave et ceux qui ne peuvent pas avoir d'enfant naturellement pourront recourir au diagnostic préimplantatoire. Pour les premiers, il s'agira d'éviter qu'ils ne transmettent la maladie.

C'est dans ce cadre que le premier enfant issu d'une fécondation in vitro avec un diagnostic préimplantatoire est né en 1992 en Grande-Bretagne. On a pu éviter qu'il ne souffre de mucoviscidose.

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