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Votations du 5 juin: l'idée du revenu de base peine à séduire les Suisses

Recevoir un revenu de base inconditionnel est dans l'absolu une idée très séduisante, mais qui peine à convaincre pas les citoyens suisses qui refuseraient l'initiative à 72%. Humaniste pour ses initiants, utopique du point de vue du Conseil fédéral, dangereuse pour plusieurs partis politiques.

12 mai 2016, 10:06
Les initiants proposent 2500 francs par mois aux adultes et 625 francs par mois pour les moins de 18 ans.

L'idée d'un revenu de base versé à tout le monde ne devrait pas passer le cap des votations le 5 juin. Selon un sondage du gfs.bern, 72% des Suisses rejettent l'initiative lancée par un comité de citoyens sans appartenance politique. Le texte peut compter sur quelques soutiens à gauche.

L'initiative populaire "Pour un revenu de base inconditionnel" veut offrir à l'ensemble de la population la possibilité de mener une existence digne et de participer à la vie publique. La Confédération serait tenue d'instaurer un revenu de base versé sans contrepartie à tout le monde, dès la naissance. Les étrangers y auraient aussi droit, moyennant un délai de résidence à définir.

 

 

Le montant de ce revenu n'est pas fixé dans le texte. Les initiants, dont l'ancien vice-chancelier de la Confédération Oswald Sigg, proposent 2500 francs par mois aux adultes et 625 francs par mois pour les moins de 18 ans.

Réponse humaniste

Le projet se veut une réponse humaniste au développement technologique. Jusqu'à 50% des emplois disparaîtront ces 20 prochaines années. Mais les machines ne paient pas d'impôt ni de cotisations sociales.

Le revenu de base donnera aussi davantage de place aux différents modes de vie: revaloriser une production agricole locale et biologique ou une vie d'artiste, mieux organiser la réinsertion professionnelle d'un chômeur. Il permettrait aussi de mieux conjuguer vies familiale et professionnelle.

 

 

Selon les initiants, qui reprennent les calculs de l'Office fédéral des assurances sociales, instaurer un revenu de base pour tous coûterait 208 milliards en tout. Les sommes actuelles versées via les salaires et les assurances sociales ne suffiraient pas. Il resterait un trou de 25 milliards que les partisans du texte veulent combler en taxant l'ensemble des transactions financières.

"Dangereuse expérimentation"

De l'avis du Conseil fédéral, l'idée est "généreuse mais utopique". Le comité interpartis opposé au texte évoque même "une dangereuse expérimentation".

Seuls les Verts et quelques socialistes soutiennent l'initiative. Du côté des syndicats, l'USS recommande le "non", alors qu'Unia se tait et syna laisse la liberté de vote. Pour le PS, le revenu minimal doit atteindre 4000 francs au moins. Avec 2500 francs, le revenu de base reviendrait à un dumping salarial généralisé.

De plus, les personnes qui gagnent moins ou à peine plus n'auraient plus de raison de travailler, critique le gouvernement. Il s'ensuivrait une diminution de la main-d'oeuvre, notamment qualifiée, affaiblissant l'économie suisse et entraînant des délocalisations et, sans doute, une augmentation du travail au noir, craint le conseiller fédéral Alain Berset.

Le revenu de base risque en outre "d'attirer encore plus de travailleurs étrangers en Suisse", redoute l'UDC.

Pour financer l'initiative, des économies ou des hausses d'impôts massives seraient inévitables. Le revenu de base ne permettrait pas de remplacer l'actuel système des assurances sociales. Il s'y ajouterait, compliquant le système. Et la solidarité, qui en est la base, serait mise à mal. La cohésion sociale en pâtirait, avertit le comité regroupant PS, PVL, PDC, PLR, PBD et UDC.

 

 

La valeur du travail

Un tel projet met en jeu les valeurs suisses comme la responsabilité individuelle et le travail, qui perdrait sa place centrale dans la société. Il néglige aussi son rôle intégrateur: "Le travail n'est pas qu'un gagne-pain, il structure fortement nos sociétés", a insisté Alain Berset.

Le gouvernement ne nie pas les bouleversements induits par la numérisation du travail. Pour y répondre, il vaut mieux une bonne politique de formation et une assurance-chômage efficace plutôt qu'un changement total de paradigme, a remarqué le ministre socialiste.

Le comité interpartis dispose de très peu de moyens pour sa campagne et compte principalement utiliser les panneaux d'affichage électroniques situés dans les gares. Les initiants n'ont pas précisé leur budget ni le nom des donateurs. Dix mille francs ont en tout cas pu être libérés pour distribuer des billets de dix francs comme support de campagne.

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