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Redevance: les journaux romands pressent Berne et la SSR d'agir

Les éditos de la presse romande commentent lundi le petit oui à la révision de la loi sur la redevance. Les journaux appellent à un débat de fond.

15 juin 2015, 06:56
La douloureuse de Billag ne plaît pas aux jeunes de l'UDC et du PLR.

Le très court oui du peuple dimanche à la révision de loi sur la redevance radio/TV domine sans partage les éditos de la presse romande. Les journaux appellent à un débat de fond sur une redéfinition du service public et demandent à la SSR de se remettre en question.

"Le vrai débat va commencer dans une grande confusion", titre 24 Heures dans son édito. Pour le journal vaudois, la victoire est si ténue (50,08% de oui, soit moins de 4000 voix) que des discussions s'ouvriront "dans un climat chauffé à blanc, peu propice à la sérénité que requiert un sujet si important". L'"avertissement" du peuple doit aussi inciter la SSR à un dialogue réel sur sa mission.

La Tribune de Genève évoque de son côté "une remise en cause inconfortable" pour le géant de l'audiovisuel. Le score serré de dimanche montre, dans une partie de la population, "l'existence d'une forte méfiance envers un 'mammouth' gagné, aux yeux de ses contempteurs, par la bureaucratie et l’embonpoint".

La Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR) "ne pourra pas faire l'économie d'un sérieux travail d'introspection sur son fonctionnement et sa gouvernance", ajoute le Quotidien jurassien, qui presse le Conseil fédéral de tirer les conclusions de "cette réforme acceptée du bout des lèvres".

Comme de nombreux confrères, Le Courrier veut que les radios et télévisions privées ainsi que les journaux soient inclus dans les discussions à venir, dans un contexte de concurrence accrue sur la toile. On doit y intégrer "la rétribution d'autres médias, tout aussi indispensables que la SSR à la cohésion nationale et la formation de l'opinion publique", souligne-t-il.

Un nouveau vote

La SSR "doit se réformer, réduire ses structures hypertrophiées", elle doit "s'adapter aux attentes de son public et tenir compte des évolutions technologiques ainsi que du paysage médiatique", résument L'Express et L'Impartial.

Les journaux neuchâtelois qualifient le vote de dimanche de "premier tour de chauffe" pour le camp du non, qui n'a pas dit son dernier mot. Ils évoquent "une campagne où le peuple devra cette fois se prononcer sur une baisse drastique de la redevance", destinée à réduire les moyens attribués à la SSR.

Un point de vue partagé par Le Temps. "Le vote apparaît comme un feu orange pour la SSR", ajoute le quotidien. "Pensant la partie gagnée d’avance en Suisse romande, elle n’a jamais eu le bon narratif durant la campagne", critique-t-il, citant en exemple l'annonce d'un nouveau bâtiment sur le campus de l’EPFL alors que la tour de la RTS à Genève venait d’être rénovée.

Attaques hors sujet

"Fallait-il rouvrir le débat sur le service public avant de proposer un nouveau mode de perception de la redevance?", questionne pour sa part La Liberté. "Comme dans toute bagarre, on s'est jeté au visage des arguments fort éloignés de la dispute initiale", illustre le journal.

Comme ses confrères lémanique et fribourgeois, Le Matin souligne la virulence de la campagne des opposants, qui a été "d'une violence totalement exagérée". Le quotidien orange fustige les incessantes attaques de l'UDC et d'une partie de la presse sur le service public et sa mission, qui "n'étaient pas directement le sujet", tout en appelant la SSR à se mettre au travail.

"On doit se mettre autour d’une table pour un vrai débat sur le service public", admet par ailleurs dans les colonnes du journal Raymond Loretan, président de la SSR. Il promet lundi d'"entrer de manière active dans ce débat" s'il est élu en automne.

Situation spéciale en Valais, canton dont les ressortissants sont seuls Romands à avoir refusé la révision de la loi. "Le Nouvelliste" attribue cette "surprise" valaisanne à l'"influence des grandes associations économiques (comme l'usam) ou syndicales" face à une section du PDC peu actif sur cette thématique durant la campagne.

Trouver un deal

Dans la presse alémanique, on réclame notamment l'action du gouvernement et du Parlement. Les élus "vont enfin pouvoir élaborer un concept de politique médiatique digne de ce nom", souligne la Berner Zeitung. Selon les journaux d'outre-Sarine aussi, il consistera notamment à poser des limites fermes à la SSR.

Celle-ci "devra bientôt évoluer face à des vents contraires encore plus violents", assure pour sa part la Neue Zürcher Zeitung, évoquant entre autres la fin de sa concession en 2017 et l'important débat de fond à venir. Der Bund met de son côté en exergue les exigences liées à la toile: "une part importante du travail sera de définir un nouveau deal sur Internet entre SSR et médias privés".

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