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CO2: les Suisses ont voté avec leur porte-monnaie, selon la presse

Au lendemain du refus de la loi sur le CO2, la presse romande relève le clivage entre villes et campagnes ainsi que la peur de taxes qui visaient directement le porte-monnaie du consommateur. Il faudra en tenir compte pour ficeler rapidement un nouveau paquet.

14 juin 2021, 07:45
La presse romande souligne notamment le fossé entre les villes et les campagnes (archives).

En rejetant la loi sur le CO2, les Suisses ont voté avec leur porte-monnaie, note la presse lundi. Elle souligne le fossé entre les villes et les campagnes. Il devra être pris en compte pour élaborer de nouvelles solutions, qu’il faudra proposer rapidement.

«Les Suisses ont mal au porte-monnaie et sans doute bien davantage que les politiques ont pu le penser», écrit Le Nouvelliste. Et d’ajouter que le slogan de l’UDC «Avant la fin du monde, la fin du mois», est devenu un parfait résumé de la réalité que semblent vivre les citoyens.

La population veut des solutions pratiques et adaptées à différents lieux et modes de vie.

Tribune de Genève

«Ce sont surtout les instruments choisis, perçus comme une menace sur les finances des ménages, qui n’ont pas séduit les citoyens», abonde Arcinfo. La Tribune de Genève et 24 heures soulignent également que «la population vote avant tout avec le porte-monnaie» et elle veut «des solutions pratiques et adaptées à différents lieux et modes de vie».

Une majorité de la population a refusé d’être pénalisée parce qu’elle habite dans une commune mal desservie par les transports publics ou parce qu’elle se chauffe au mazout, fait écho La Liberté.

Fossé villes-campagnes

Le journal fribourgeois relève qu’en ayant su dévier le débat de l’urgence climatique vers les implications financières, l’UDC, seul parti opposé à la loi, a engrangé un «succès retentissant»; un détournement de l’attention aussi pointé du doigt par le Journal du Jura. Le Quotidien Jurassien souligne aussi «l’adroite campagne» menée par les opposants qui a conduit au «non» du peuple, «effrayé par l’épouvantail des taxes plutôt que séduit par les incitations financières récompensant les comportements respectueux du climat».

A l’instar d’autres médias, Le Temps pointe le «profond fossé» que la votation a creusé entre «les campagnes, qui ont eu le sentiment de payer l’essentiel de la facture, et les villes».

La mobilisation du milieu paysan et des zones rurales a pesé lourd dans la balance.
Arcinfo

Pour le journal lémanique, le monde paysan, ulcéré par des attaques qu’il a perçues comme visant son travail, «a fait de la loi sur le CO2 la victime collatérale des initiatives anti-pesticides». La mobilisation du milieu paysan et des zones rurales, échaudés par une campagne sur les pesticides particulièrement tendue, a pesé lourd dans la balance, abonde Arcinfo.

Pour le Journal du Jura, «le Conseil fédéral ferait bien de porter un peu plus d’attention au calendrier des objets qu’il met en votation» car «il ne fait guère de doute» que les initiatives phytos, qui avaient peu de chances d’être acceptées, ont contribué, par effet d’amalgame, à faire échouer la loi sur le CO2.

De nouveaux instruments, rapidement

Pour la RTS Radio, «cet échec est aussi une remise en cause du principe des taxes d’incitation qui s’attaquent directement à des manières de vivre, précisément différentes en ville et à la campagne».

Il faudra donc tenir compte «de la Suisse des champs» pour ficeler un nouveau paquet, ajoute-t-elle. Et il en faudra un rapidement, soulignent plusieurs médias, rappelant que la Suisse a signé l’Accord de Paris, s’engageant ainsi à réduire ses émissions de CO2 d’au moins 50% d’ici 2030.

Il faudra certainement élargir le cercle des taxés à l’industrie.
Le Nouvelliste

Pour ce faire, de nouveaux instruments devront être élaborés. Les citoyens ayant montré qu’ils n’avaient pas l’intention d’assumer seuls les coûts de la politique climatique, il faudra certainement élargir le cercle des taxés à l’industrie, avance Le Nouvelliste.

Pour 24 heures et la Tribune de Genève, il s’agira de trouver «une construction plus simple», la «logique des petits pots – une taxe par ci, une redistribution par là», n’ayant pas convaincu. Les deux journaux ajoutent que, pour ce nouveau compromis, «la droite tient le couteau par le manche» et les grévistes du climat n’auront que peu de poids.

Les référendaires de gauche, qui ont annoncé une nouvelle initiative qui inclut la finance, «vont devoir remonter le courant», écrit pour sa part le Courrier. S’il salue cette volonté, le journal constate que, ce week-end, «l’horloge du compte à rebours climatique a avancé vers la sonnerie d’alerte».

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