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Votations fédérales: la droite accablée par les critiques suite au rejet massif de RIE III

Au lendemain du rejet massif de RIE III, la presse se montre rude avec la droite. Selon le 24 Heures, elle aurait mis de côté l'acteur principal de l'initiative : le peuple. La brochure fédérale était par ailleurs si confuse, que les Suisses se sont retrouvés face à une sorte de vote de confiance.

13 févr. 2017, 07:30
La droite fustigée de tous les côtés suite au rejet massif de RIE III.

Une gifle, une débâcle, une mémorable raclée, une leçon pour Ueli Maurer, une leçon qui laisse des marques rouges sur le derrière: la presse se montre sévère avec la droite après le rejet massif des Suisses à la 3e réforme de l'imposition des entreprises (RIE III).

 

"Six votants sur dix qui refusent un projet fiscal adoubé par le Conseil fédéral, c'est une déconfiture de première classe rarement vue en politique suisse", relève 24 Heures lundi au lendemain de la votation. Le journal lémanique estime que la droite imaginait pouvoir "à sa guise charger le bateau et ne pas tenir compte des éléments compensatoires réclamés par la gauche. Elle a juste oublié un acteur: le peuple".

"La petitesse du oui frappe les esprits", abonde le Quotidien Jurassien. "On est loin de la marge d'erreur que l'on peut trouver dans les sondages".

Priorités sociétales

En vendant au peuple une réforme "prétendument taillée pour les petites entreprises du cru, alors qu'elle avantageait, en fait, les plus grandes sociétés", la droite s'est trompée, analyse La Liberté. "Les grands perdants auraient été les cantons et les villes. Et donc, in fine, la population, tout particulièrement ses couches les plus démunies", enchérit Le Courrier.

 

Les Suisses, dont "les salaires stagnent, à l'inverse de ceux des hauts dirigeants qui biffent des postes à tour de bras", ont tapé avec les deux poings sur la table. Ils ont eu "peur de devoir compenser les pertes fiscales issues des entreprises", expliquent Le Nouvelliste, Le Courrier et L'Impartial.

Pour Le Matin, le citoyen a dit "au grand capital: 'Vous vous mettez assez d'argent dans les poches sans qu'on vous fasse encore ce cadeau fiscal, nous qui subissons la hausse du coût de la vie sans que les salaires suivent'".

 

Avec le "oui" des Suisses à l'initiative de l'UDC demandant un retour des continents de travailleurs le 9 février 2014, le climat général envers les grandes multinationales s'est dégradé, juge 24 Heures.

"Les priorités sociétales de l'époque, qui transcendent les systèmes politiques, ont déterminé les derniers scrutins à avoir chamboulé le monde: celui sur le Brexit en juin et l'élection de Donald Trump en novembre. La Suisse n'y échappe pas", remarque La Tribune de Genève.

Complexité du scrutin

Tous les médias relèvent à l'unanimité la complexité du scrutin. "Intérêts notionnels, 'patent boxes' et autres artifices très techniques ont vite fait de passer, pour un public non averti, pour de nouvelles combines à contourner le fisc", écrit 24 Heures.

"Que celui qui a compris le tableau de la brochure fédérale se dénonce", ironise d'ailleurs La Tribune de Genève, qui souligne que les Suisses se retrouvaient ainsi face à "une sorte de vote de confiance". Or, "les incantations ne suffisent pas, quand les votants veulent savoir qui seront les gagnants et les perdants d'une telle réforme", note Le Temps.

La droite a fait une erreur en surjouant la peur et en agitant la menace de pertes massives d'emplois, selon Le Matin et Le Courrier, ce dernier ajoutant que les Suisses ont "refusé de voter avec un pistolet sur la tempe".

Rappelant l'acceptation de l'initiative Minder en 2013, l'Agefi voit dans le résultat de ce week-end, une sanction contre l'économie. Le journal économique se demande d'ailleurs si elle ne devrait pas "tout simplement cesser d'apparaître dans ce genre de circonstance, laissant les partis politiques débattre à armes jugées moins inégales".

Hora fugit

"Reste qu'après l'immense cafouillage sur la libre circulation des personnes, issu de la votation du 9 février 2014, la Suisse entre dans une nouvelle zone de totale incertitude au sujet d'un autre dossier stratégique pour son économie", note Le Temps.

 

Et le temps presse, rappellent les journaux, qui pointent l'échéance du 1er janvier 2019 pour supprimer les statuts spéciaux et se mettre en conformité avec l'OCDE et l'UE afin de ne pas se retrouver sur une liste noire des paradis fiscaux.

Si tous les journaux ne sont pas d'accord sur la solution, plusieurs d'entre eux, à l'instar du Journal du Jura, estiment que la RIE IV dispose d'une bonne base de travail: il suffit de "revenir à la mouture originelle du projet", celle de Mme Widmer-Schlumpf, "avant que le Parlement ne le dénature complètement".

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