La population peut croître tant qu’elle veut, la Terre ne grandira pas. Même en agrandissant les zones à bâtir. Face à cette réalité incontestable, l’initiative contre le mitage du territoire propose de stopper le recul des surfaces agricoles. Le peuple se prononce le 10 février.
Jeudi devant les médias, le comité valaisan du oui a dévoilé ses arguments. Il réunit les Jeunes Verts, les Verts et les Jeunes socialistes. Et avant toute chose, ses représentants ont tenu à contester l’utilisation d’un terme qui revient régulièrement dans la campagne: le fameux «gel» des zones à bâtir.
«On ne propose pas de figer le paysage, mais de stopper l’extension des constructions», corrige la Jeune Verte Andréa Savoy. Concrètement, qui voudrait transformer une zone agricole en zone à bâtir devrait s’assurer qu’un terrain à bâtir inutilisé soit cédé à l’agriculture.
Hausse de loyers pas assurée
Et non, ce jeu à somme nulle au niveau suisse n’empêcherait pas la croissance du pays. «Le Valais dispose de suffisamment de zones à bâtir pour absorber les 30 000 nouveaux habitants attendus d’ici à 2030», note le Vert Jean-Pascal Fournier. «Nous disposons actuellement de 6000 logements vacants, et les promoteurs continuent à construire», renchérit Florent Morisod. Ce constat fait d’ailleurs dire au Jeune Vert que la raréfaction des zones à bâtir n’induira pas forcément une hausse des loyers. «Même avec le marché saturé d’aujourd’hui, les prix ne baissent pas. La théorie de l’offre et de la demande a ses limites.»
Exceptions pour les paysans
A en croire ses partisans, l’initiative ne priverait pas non plus les entreprises des terrains nécessaires à leur activité. Jean-Pascal Fournier l’assure: «Toutes les zones industrielles existantes ne sont pas encombrées.» Quant au monde paysan, qui redoute de ne plus pouvoir installer son bétail ou ses serres sur des surfaces agricoles, les partisans de Stop mitage demandent de ne pas se focaliser sur la disposition constitutionnelle soumise au vote. «La loi d’application pourra prévoir des exceptions», note Nathan Tornay, des Jeunes socialistes.
Cela dit, la densification prônée par les initiants passerait tout de même par le regroupement des bâtiments et l’augmentation de leur hauteur. Exactement comme la LAT? «Notre initiative vise effectivement la densification, mais surtout la fin de l’expansion des zones à bâtir. Les deux sont complémentaires», recadre Kevin Morisod. Le coprésident des Jeunes Verts suisses espère que les Valaisans refuseront moins nettement ce nouveau texte. En 2013, seuls 19% avaient soutenus la LAT.