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Christian Levrat: «La constituante a été mon école politique»

Le président du PS suisse Christian Levrat était invité vendredi soir à Sion par les Jeunes socialistes du Valais romand pour parler de son expérience de rédaction de la nouvelle Constitution fribourgeoise, il y a quinze ans. Pour "Le Nouvelliste", il évoque également la candidature de la Haut-Valaisanne Viola Amherd à l'investiture PDC pour le Conseil fédéral.

27 oct. 2018, 07:00
Le président du Parti socialiste suisse s'est exprimé devant une centaine de personnes dans la salle du Grand Conseil à Sion.

Il était, aux côtés notamment du futur président de la Confédération Alain Berset, l’un des cent trente constituants fribourgeois. L’aventure dura quatre ans, de 1999 à 2003. Le lancement d’une carrière qui l’amena à la tête du Parti socialiste suisse, il y a dix ans. Vendredi, le conseiller aux États fribourgeois était invité par les Jeunes socialistes du Valais romand à la salle du Grand Conseil à Sion pour évoquer son expérience de rédaction de la nouvelle Constitution fribourgeoise. Un exercice qu’il qualifie de «progressiste, par définition».

Christian Levrat, qu’est-ce que votre participation à la constituante fribourgeoise vous a apporté?

Ça a été mon école politique. Ça a été beaucoup de travail, mais ça m’a donné une formation politique extrêmement solide, car la constituante touche l’ensemble des domaines de la vie publique. C’est la seule chance que vous avez en politique d’avoir une vision horizontale complète.

Les constituants d’aujourd’hui sont les leaders politiques de demain?

Oui. C’est l’expérience qu’on a faite à Fribourg. Et j’espère que la population valaisanne donnera la chance à un maximum de personnes nouvelles – pas forcément que des jeunes – d’entrer dans le débat politique. Chez nous, cela a contribué à changer le paysage politique, on le constate encore quinze ans après le vote populaire.

Seuls 15% des candidats à la constituante en Valais ont un mandat politique. C’est important, d’avoir une majorité de «non politiques»?

Le mélange est intéressant. À Fribourg, une vingtaine de constituants sur cent trente seulement avaient un mandat politique. Ça me semble être une proportion équilibrée. Il y a de place pour quelques élus, l’expérience ne peut pas nuire, mais le ton de la constituante doit être un ton innovateur. Charge à eux de développer des visions audacieuses, de faire des propositions créatives, d’être sans concession sur le bilan et sur l’état actuel du canton dans une première phase. Et, dans une deuxième phase, de ficeler un projet qui soit réaliste, parce qu’au final il y a une votation à gagner devant le peuple.

Quels sont les principaux écueils à éviter?

Un point très important, c’est de planifier dès l’ensemble des travaux de la constituante pour éviter d’avoir un processus hors de contrôle, comme cela s’était passé à Genève où ils avaient eu une peine folle à tenir l’agenda. Planifier permet de tenir les objectifs et les budgets, ce qui est très important pour la confiance de la population. Le deuxième écueil, c’est de manquer d’audace au début du processus, par peur ou par manque de conviction. Et le troisième, c’est de manquer de réalisme dans la dernière phase des travaux. L’anecdote sur la réforme des structures territoriales à Fribourg illustre bien cela: c’est à Alain Berset et moi qu’on doit d’avoir encore des districts – contre l’avis de notre groupe –, mais c’est probablement aussi à nous deux qu’on doit le fait d’avoir eu une nouvelle constitution.

Puisqu’on parle de candidate, un mot sur Viola Amherd, qui briguera l’investiture PDC pour le Conseil fédéral?

C’est un poids lourd du PDC, et quelqu’un de très compétent. Il n’est pas déraisonnable que l’arc alpin revendique une représentante au Conseil fédéral. Maintenant, ce sera l’affaire du PDC.

À lire aussi: La Haut-Valaisanne Viola Amherd est officiellement candidate à la candidature pour remplacer Doris Leuthard au Conseil fédéral

Elle est appréciée à Berne?

Oui. Elle est probablement un peu handicapée par la réputation de pencher à gauche, mais cette réputation est largement surfaite. Les médias alémaniques ont commencé à corriger cette image, en publiant la «smart spider» (carte du positionnement sur l’échiquier politique) des quatre candidats. Elle en est finalement la plus à droite avec Peter Hegglin. C’est une question de style: Viola Amherd est quelqu’un d’assez abordable, ouverte avec tout le monde, et on a un peu rapidement conclu de ce style une position politique à gauche.
 

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