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Coronavirus: comment la pandémie va-t-elle transformer nos logements?

La pandémie de coronavirus a mis en avant les contraintes de nos lieux de vie, mais elle pourrait aussi leur donner un nouveau souffle.

03 mai 2021, 08:00
La pandémie a révélé qu'une majorité de personnes vivaient dans des espaces de vie trop exigus.

Depuis un an, nous n’avons jamais autant occupé nos logements. La faute à la pandémie de Covid-19 évidemment qui a chamboulé nos existences, et plus particulièrement notre rapport à notre lieu de vie. Du jour au lendemain, le logement s’est mué tout à la fois en bureau, en école, en salle de sport ou encore en atelier de bricolage.

Cette nouvelle configuration a mis en lumière les limites de nos habitats, mais aussi révélé leur potentiel sans doute sous-exploité. Architecte au Laboratoire de construction et conservation (LCC) à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), Valentin Bourdon a terminé l’an dernier une thèse sur les aspects collectifs de l’habitation et à ce titre, il nous explique de quelle manière la crise sanitaire actuelle peut nous donner des clés pour réinvestir différemment nos lieux de vie et concevoir ceux de demain.

Quel est l’impact de la pandémie sur notre habitat?

Elle s’inscrit dans des dynamiques préexistantes comme celle du changement climatique. Mais aux aspects techniques et énergétiques, la crise sanitaire ajoute la dimension du mode de vie au sein de son habitat. Elle accélère cette capacité à faire coïncider le cadre de vie avec le mode de vie. La crise provoque des modifications moins quantitatives que qualitatives.

Comment cette évolution se traduit-elle dans les faits?

Avec le semi-confinement, le rôle de la numérisation a été renforcé. Celle-ci permet de réinvestir et revaloriser son logement. On peut consommer facilement de la culture, faire ses courses ou travailler depuis chez soi. L’habitat n’est plus seulement le lieu où l’on dort après le travail, mais un espace multifonctionnel dans lequel on peut à peu près tout faire.

Soudain les gens se sont retrouvés à devoir tout faire dans leur logement. ©Keystone

 

Chacun vivrait donc plus isolé chez soi, mais on voit que les gens finissent pourtant par être lassés de ce mode de vie et veulent retourner au travail, par exemple.

Pas nécessairement si l’on réfléchit à la mise en commun de certains espaces. Chaque appartement ne peut pas disposer d’une chambre supplémentaire pour les visiteurs de passage, ce n’est pas viable. Mais on peut imaginer une chambre d’amis, un lieu de coworking (ndlr: un espace de travail partagé) ou même une salle de sport à l’échelle d’un immeuble. Il y a eu une tendance à l’individualisme au cours des dernières décennies, mais il faudra revenir à plus de sociabilisation avec ses voisins. Ce que l’on ne trouve actuellement que dans les coopératives très engagées, pourrait devenir un modèle plus courant auprès des promoteurs.

Avec le semi-confinement, on a remarqué que l’on avait besoin d’espace et que l’on vivait dans des conditions presque indécentes!
Valentin Bourdon, architecte au Laboratoire de construction et conservation à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne

Cette pandémie, qui ne sera sans doute pas la dernière, incite pourtant à limiter les contacts sociaux…

C’est l’autre grand enseignement de cette crise. Avec le semi-confinement, on a remarqué que l’on avait besoin d’espace et que l’on vivait dans des conditions presque indécentes! Les surfaces de logement ont tendance à se réduire depuis plusieurs années. La pandémie pourrait renverser ce processus en favorisant des habitats plus grands.

Cette conception ne va-t-elle pas à l’encontre d’une plus grande densification urbaine?

Depuis les années 1970, la densité urbaine est associée au développement durable, car elle empêche effectivement l’étalement urbain et le grignotage d’espaces agricoles. La ville permet de créer de grandes infrastructures pour plus de monde. Le modèle de densification ne doit pas être abandonné, mais adapté en revalorisant des échelles plus locales avec des circuits économiques courts. Il faut aussi favoriser des logements avec de bonnes conditions d’ensoleillement et l’accès à des espaces extérieurs en réorganisant des quartiers autour d’espaces verts.

 

Cet article peut être lu dans notre magazine «Votre Habitat» en cliquant sur la couverture ci-dessous.

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