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«Tu sais, je préfère les filles...»

Accepter son homosexualité, puis l’annoncer à sa famille, à ses proches, à ses collègues est un long chemin. Fanny nous livre son histoire quelques jours avant la Journée mondiale du coming out qui a lieu dimanche 11 octobre.

07 oct. 2015, 23:32
/ Màj. le 08 oct. 2015 à 00:01
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Fanny a 25 ans. Elle est lesbienne. Elle choisit de partager son histoire pour aider ceux qui aimeraient faire leur coming out alors que dimanche aura lieu la Journée mondiale du coming out. «J’ai su que j’étais lesbienne assez tôt, vers 12 ans. Je me posais beaucoup de questions. J’étais très proche de ma meilleure amie. Quand on s’amusait au jeu de la bouteille, je me rendais compte que ça me faisait quelque chose d’embrasser une fille, par contre, ça ne me faisait pas d’effet quand c’était un garçon», raconte Fanny. «A 13 ans, j’ai commencé le cycle d’orientation. Je disais à mes amis que j’étais bisexuelle. Très vite, je suis tombée amoureuse de ma meilleure amie, Florence. Pendant un an, je ne lui ai pas parlé de mes sentiments. Ç’a été très difficile. Finalement, j’ai choisi de tout lui dire. Elle a super bien réagi. Elle m’a tout de suite dit qu’elle avait compris, mais qu’elle n’était pas attirée par les filles», continue la jeune femme. Malgré cette révélation, les deux amies sont toujours restées proches.

Etre honnête avec ses parents

«Cette période était très difficile à vivre pour moi puisque j’étais amoureuse de Florence et que rien n’était possible. Je pensais tout le temps à ça jusqu’au jour où j’ai bu de l’alcool pour la première fois. Nous étions en vacances. Je passais la soirée avec mon cousin et j’ai pris deux cocktails. J’ai totalement arrêté de penser à tout ça. Ça m’a fait un bien fou!» avoue Fanny. La jeune femme va connaître quelques épisodes où elle abusera de l’alcool. D’une part pour oublier, mais également pour chercher ses limites comme le font d’autres jeunes de son âge. Ses parents commencent à se faire du souci. «Ils me demandaient souvent ce qui m’arrivait. Pendant deux ou trois mois, je leur répondais que j’allais bientôt leur expliquer. Je voulais être honnête avec eux. Puis, un jour, ma maman m’a écrit un SMS pour me demander encore une fois ce qui se passait. Je lui ai répondu de me rejoindre dans un café après les cours pour parler. Là, je lui ai dit: «Maman, je préfère les filles.» Elle m’a répondu qu’elle savait. J’ai beaucoup pleuré. C’étaient des larmes de soulagement. Elle m’a fait savoir qu’elle me soutenait, poursuit Fanny. Les deux femmes décident de rentrer à la maison sans en parler au papa et à la petite sœur. «Nous nous sommes toutes les deux mises à pleurer. Mon père nous a demandé ce qui nous arrivait. Je lui ai dit. Il était sous le choc car il ne s’y attendait pas. Mon père est resté assez froid par rapport à ce sujet. Il ne m’en a pas parlé du tout pendant deux ans. Par contre, nous étions toujours proches», continue Fanny. Elle annoncera son homosexualité à sa petite sœur seulement quelque temps plus tard. Cette dernière a bien pris la nouvelle. Quant au père de Fanny, il fait petit à petit son chemin vers l’acceptation. «Deux ans après l’annonce, il m’emmenait en voiture chez ma copine. Quand il m’a déposée, il s’est mis à pleurer et m’a dit que ça lui était égal, tant que j’étais heureuse. Ç’a été un réel soulagement pour moi. C’était ce que j’avais besoin d’entendre. Ç’a vraiment compté pour moi», raconte avec émotion Fanny.

Un coming out parmi d’autres

«Mon coming out auprès de ma famille a été une étape. C’était un de mes coming out. A chaque nouvelle situation, il faut décider si on en parle ou non. Au travail, par exemple, il faut juger si tel(le) ou tel(le) collègue est assez ouvert(e) et digne de confiance pour pouvoir aborder le sujet. Au début, ce n’est vraiment pas facile d’en parler. Depuis un an, j’arrive à le dire naturellement, poursuit la jeune femme. Aujourd’hui, j’ai trouvé mon équilibre. Je suis bien comme je suis et je vis très bien», souligne-t-elle. Fanny est toujours amoureuse de sa meilleure amie Florence. Et aujourd’hui, cet amour est réciproque. «Il y a quelques années, nous étions parties en vacances ensemble. Un soir, nous nous sommes embrassées.» C’était le début de leur histoire.

Dans son histoire, Fanny a eu la chance d’avoir des proches ouverts qui ont su la soutenir. Les choses ne se déroulent pas toujours comme ça. Fanny en est consciente. Elle s’investit d’ailleurs aujourd’hui auprès de l’association Alpagai pour aider les personnes qui ont moins de chance qu’elle. «Je crois que le plus important reste de s’accepter soi-même et d’être honnête avec les gens, même si ce n’est pas toujours facile», conclut-elle.

 

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