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Environ 400 000 Suisses seraient atteints par la BPCO, une maladie chronique et invalidante

Maladie sous-diagnostiquée, la BPCO est particulièrement handicapante. Deux témoins nous racontent leur quotidien, depuis leur diagnostic.

13 nov. 2019, 20:00
La BPCO se caractérise notamment par des essoufflements anormaux.

Bronchopneumopathie chronique obstructive. Tel est le nom barbare d’une maladie non moins cruelle: «On a la sensation de manquer d’air. Monter dix marches d’escalier équivaut à courir cent mètres: on est à bout de souffle, le cœur bat la chamade… Le simple fait de vous parler me demande de me calmer, de respirer beaucoup plus lentement.»

Philippe a 57 ans. On lui diagnostique une BPCO à la suite d’une opération du cœur. La maladie lui a coûté son emploi: «Je ne suis pas fataliste, mais j’aurais aimé travailler jusqu’à la retraite. Je me sens coupé dans mon élan.» Aujourd’hui, il vit sous oxygène, 24 heures sur 24. «Quand on se balade avec une bombonne et des tuyaux dans le nez, on se heurte au regard des gens. Mais il n’y a pas à en être gêné; ça peut arriver à tout le monde et il y a des handicaps beaucoup plus lourds.»

Le tabac, principal responsable

Comme Philippe, Roger, 59 ans, a découvert sa maladie suite à un accident: «En 2014, je me suis cassé deux côtes. A l’hôpital, j’avais de la peine à respirer. Ils m’ont fait un check-up et détecté une BPCO. J’avais traîné une bronchite tout un hiver, ce qui m’a sans doute affaibli, mais la fumée y est pour beaucoup, il ne faut pas le nier.»

En Suisse, plus de neuf fois sur dix, la maladie touche des fumeurs.
Dr Jean-Claude Métrailler, Pneumologue

Nos deux témoins sont en effet d’anciens consom­mateurs de tabac, comme la grande majorité des personnes atteintes. «Plus de neuf fois sur dix, dans notre pays, cela concerne des fumeurs», explique le pneumologue Jean-Claude Métrailler. «La maladie est extrêmement rare chez les personnes qui ont moins de quinze années de tabac. D’ordinaire, elles consultent autour de 50 ans et ont souvent entre vingt et trente ans de consommation. Or, au moment de la consultation, la maladie est déjà bien installée.»

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La BPCO est en effet sous-diagnostiquée en Suisse, en raison de la discrétion de ses symptômes: «Elle se classe en stades de degrés de sévérité, explique le Dr Métrailler. C’est extrêmement rare que les gens qui sont au premier stade aient des symptômes qui les gênent. Ils consultent généralement quand les symptômes commencent à devenir invalidants.» Il peut s’agir de toux persistantes et d’une impression de diminution de sa tolérance à l’effort, comme le détaille Roger: «On marche 200, 300 mètres et on doit s’arrêter pour retrouver notre souffle. On tousse beaucoup avec des crachats, et ces crachats nous demandent beaucoup d’effort donc de souffle.»

Rester actif malgré tout

Face à la peur panique que peuvent engendrer ces essoufflements, nos deux témoins préconisent la même stratégie: anticipation et ralentissement. «Quand je dois passer l’aspirateur, au lieu de le faire dans tout le salon, je procède en deux ou trois fois, pour économiser mon effort et mon énergie», explique Philippe. Roger renchérit: «Beaucoup ont peur des escaliers. C’était aussi mon cas. Plus on s’agite, moins on trouve son souffle. Il faut réapprendre les différentes façons de respirer pour mieux reprendre de l’air.»

Malgré le handicap, maintenir une activité physique est essentiel afin de préserver son autonomie et sa santé. «Le plus important, d’après mon expérience, c’est de bouger, affirme Roger. Sinon, on s’affaiblit. Mais c’est difficile: quelqu’un qui est à bout de souffle sera réticent à faire de l’exercice. Il faut trouver son truc. Personnellement, je suis ravagé des champignons, donc je bouge beaucoup en forêt. Cela peut aussi consister à rester actif à la maison, même si l’on fait seulement cent mètres ou un escalier par jour.» Philippe, de son côté, pratique le feng shui et «ne panique pas pour un oui ou pour un non. Il faut rester calme et prendre le temps que les choses reviennent à la normale.»

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Pour mieux vivre au quotidien avec leur maladie, tous deux vantent les actions proposées par la Ligue pulmonaire: «Elle donne de précieux conseils et apporte beaucoup d’aide et d’écoute. On m’y a vraiment bien soutenu», affirme Philippe. «Il est aussi possible de suivre des cours pour apprendre à mieux vivre avec la BPCO, ajoute Roger. On nous y explique concrètement ce qu’implique la maladie et on nous donne de bons conseils.»

Même bénin, le mal sera mieux traité s’il est pris à la racine, d’où la nécessité d’un dépistage précoce. «Et arrêter de fumer, affirme Philippe. Ce qui est plus facile à dire qu’à faire.» «Il s’agit en effet de la mesure la plus efficace», confirme le Dr Métrailler, l’arrêt de la cigarette et le maintien d’une activité physique régulière permettant d’augmenter significativement l’espérance de vie… de tout un chacun.

 

Comment fonctionne la BPCO?

Le terme BPCO définit une perturbation de la mécanique respiratoire qui provoque une obstruction bronchique. «Cette obstruction est la conséquence d’un excès de résistance dans les bronches, explique le Dr Métrailler. L’emphysème (destruction du tissu pulmonaire) comme la bronchite chronique sont les deux grandes maladies à l’origine de la BPCO. Elles engendrent une augmentation de cette résistance.» Le patient souffre en fait d’un excès de dioxyde de carbone qu’il ne parvient pas à éliminer des poumons. L’expiration devient trop lente et difficile. Elle est aussi couplée à une production excessive de mucus. La toux, persistante et/ou avec crachats, est donc le premier indicateur de la pathologie et devrait inciter à consulter. Car la maladie n’est pas réversible. Chronique, elle ne peut s’améliorer, contrairement à l’asthme qu’il est possible de soulager avec un médicament. Mais la traiter permet toutefois d’en ralentir la progression.

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