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Dur, dur de comprendre les infos sur sa santé

De nombreuses personnes ont du mal à comprendre les messages santé qui leur sont adressés.

28 mars 2018, 20:00
L'échange d'informations santé entre le personnel médical et le patient n'est pas toujours simple.

En matière de santé, il est important d’être capable de comprendre les messages qui nous sont adressés. D’une part, cela favorise un mode de vie sain tout en se maintenant en forme. D’autre part, face à la maladie, le patient bien informé peut mieux saisir les propos du médecin et ainsi suivre consciencieusement son traitement. Cela paraît évident… et pourtant.

Pour bon nombre de personnes, ce n’est pas si simple de comprendre ou d’avoir accès à ce type d’informations. «Le problème est plus étendu qu’on pourrait le penser. On estime que près de 54% de la population interrogée en Suisse lors d’une enquête de l’Office fédéral de la santé publique a des compétences insuffisantes en termes de compréhension d’informations médicales», informe le professeur Patrick Bodenmann, médecin adjoint du Centre des populations vulnérables à la Policlinique médicale universitaire de Lausanne, se basant sur une étude récente.

Cette réalité porte un nom: la faible littératie en santé. Vous l’aurez compris, il s’agit de la capacité à obtenir et à décoder des informations autour de sa santé. Parmi ces 54%, on retrouve notamment les populations vulnérables, les migrants, les personnes étrangères qui maîtrisent mal la langue, mais aussi des personnes âgées, des personnes pauvres, ayant eu peu de possibilités en termes d’éducation.

Il faut se rappeler que selon une étude qui remonte à quelques années, environ 13% de la population en Suisse est analphabète ou illettrée. «Cela représente une personne sur huit. La problématique touche autant les personnes suisses qu’étrangères», explique le professeur Bodenmann.

«Ces personnes vivent avec un handicap au quotidien. Elles ne peuvent pas fonctionner de manière autonome. Si elles ont un bon niveau oral, elles ont par contre des difficultés plus ou moins prononcées à lire et à écrire. Certaines personnes ont suivi tout le cursus scolaire en Suisse et pourtant, elles sont incapables de comprendre ce qu’elles lisent», précise Rosemarie Fournier, directrice de l’association Lire et Ecrire en Valais.

«Elles ont donc également du mal avec tout ce qui touche à leur santé. Imaginez une maman d’un enfant malade. Elle doit lire la notice du médicament pour lui administrer la bonne dose. C’est terriblement difficile», note Rosemarie Fournier.

Quel impact sur la santé?

Les difficultés de compréhension ont des conséquences directes sur la santé. «Les études montrent qu’une personne avec une faible littératie en santé va être moins à l’aise avec les messages de prévention et participera moins facilement aux programmes de dépistage. Elle aura tendance à moins se faire vacciner. Nous observons également davantage de comportements à risque, que ce soit en matière d’alcool, de drogue ou dans le domaine de la sexualité», cons tate le professeur Bodenmann.

«A côté de cela, il faut dire que les maladies sont souvent diagnostiquées tardivement. Face à une maladie ou à une maladie chronique, la personne va avoir du mal à comprendre les informations données par le personnel soignant. Ce sera difficile également pour elle de gérer son traitement», explique le professeur.

Quant au système sanitaire en Suisse, il est assez difficile à appréhender… C’est d’autant plus le cas pour les personnes à faible littératie en santé. «Elles ne savent pas toujours comment entrer dans le système. Du coup, si elles sont malades, elles vont plus facilement se rendre aux urgences», poursuit le professeur Bodenmann.

Quelles solutions?

«Je crois que côté solutions, la balle est plutôt dans le camp des professionnels. C’est important qu’ils parlent de manière simple aux patients et qu’ils s’assurent que la personne a compris l’information en lui faisant reformuler le message, par exemple», suggère Rosemarie Fournier. Point de vue que partage tout à fait le professeur Bodenmann.

«Nous devons devenir de meilleurs communicateurs et ne pas nous cacher derrière le jargon médical. Il est important de mettre en confiance le patient pour qu’il se sente à l’aise et ose poser ses questions. Le médecin peut essayer de voir s’il a des difficultés de compréhension.

Certains comportements peuvent mettre la puce à l’oreille, comme les rendez-vous manqués, les formulaires d’informations incomplets, le syndrome des lunettes oubliées qui, en fait, n’existent pas, ou encore la compliance médicale – c’est-à-dire la rigueur avec laquelle un patient suit son traitement médical», poursuit-il.

Le médecin doit ensuite adapter son message à son interlocuteur. «Il faudra être particulièrement attentif à ce que l’information soit bien comprise lorsque le patient suit un traitement avec quatre médicaments ou plus, ou alors s’il doit prendre un nouveau traitement», note le professeur.

Enfin, il est essentiel de continuer à sensibiliser les professionnels de la santé à cette thématique. Cela passe aussi par la formation des étudiants en médecine.

 

Plus d'infos:

L'association Lire et Ecrire Valais apporte de l'aide aux personnes en situation d'illettrisme. Vous pouvez également les joindre au 027 321 22 77.

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