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Défis et prise de risques, les jeunes sont victimes de leur cerveau immature

Ils sont parfois dangereux et peuvent titiller la curiosité des jeunes. Les adultes peuvent les aider à prendre conscience des risques.

13 mars 2019, 20:00
De nombreuses personnes ont été blessées en réalisant ce défi, notamment aux Etats-Unis ou en Russie.

Les défis plus ou moins dangereux, plus ou moins macabres font parler d’eux régulièrement. Le dernier en date consistait à tenter de faire geler de l’eau bouillante dans des régions où la vague d’air polaire avait fait descendre les températures à près de –30°c.

Les images des tentatives réussies étaient impressionnantes. Elles ont été publiées et partagées sur les réseaux sociaux. Ces vidéos ne disent pourtant rien de toutes les tentatives ratées et de leurs conséquences dramatiques… Certains se sont brûlés, plus ou moins sévèrement, en projetant l’eau brûlante au-dessus de leur tête… Aux Etats-Unis, de nombreuses personnes ont été hospitalisées.

A Cincinnati, une petite fille de 12 ans a tenté l’expérience et s’est brûlée au visage. Elle a choisi de témoigner pour faire de la prévention. En Suisse, impossible de prendre part à ce défi puisque les températures n’ont pas été aussi extrêmes.

Reste que d’autres types de challenges ont pu toucher des jeunes en Suisse. Ils sont parfois bien plus macabres. Les premières étapes sont plutôt bon enfant, mais le jeu se corse rapidement et pousse les participants à commettre des actes toujours plus dangereux jusqu’à les pousser à se donner la mort. Du côté de la police cantonale valaisanne, on affirme n’avoir rencontré aucun cas de ce type.

Un doute subsiste quant à l’existence même de ces défis. S’agit-il uniquement de légendes urbaines? Difficile de répondre avec certitude. «Parfois, lorsqu’un jeune finit à l’hôpital fortement alcoolisé, la rumeur laisse entendre que c’est lié à un challenge du genre. Après vérification, nous avons toujours pu écarter cette hypothèse», explique le sergent Cynthia Zermatten de l’unité communication et prévention de la police cantonale.

Une adolescente dans le canton de Vaud avait toutefois expliqué dans la presse avoir pris part à un de ces défis. Les milieux de la prévention préfèrent rester prudents.

Les jeunes comme cibles

Ces défis s’adressent le plus souvent aux jeunes. Cette population est plus susceptible de tenter l’expérience et de prendre des risques. Nous allons tenter de comprendre pourquoi.

«Avant 20-25 ans, le cortex préfrontal dans le cerveau est encore immature. En fait, pour parler simplement, il n’est pas encore câblé dans son ensemble. Par conséquent, les jeunes ont du mal à anticiper les conséquences d’un acte, à comprendre et à gérer leurs émotions, à estimer si tel comportement est bien ou mal. Ils ont de la difficulté à percevoir les risques et le danger, ils sont plus impulsifs. En fait, il leur manque tous les éléments essentiels pour se dire qu’il ne faut pas participer à de tels défis», explique Jeremy Grivel, docteur en neurosciences et codirecteur d’axess-lab.ch, une agence spécialisée dans les stratégies de changements de comportement.

 

Les jeunes ont du mal à estimer les conséquences d’un acte à cause de leur cerveau immature.
Jeremy Grivel, docteur en neurosciences, codirecteur d’axess-lab.ch

 

«L’effet normatif a aussi son importance. Nous sommes influencés par ce que les autres font. Si nous n’agissons pas comme les autres, notre cerveau va nous envoyer un message d’erreur. Si vous voyez qu’une majorité de gens participe à un challenge via les réseaux sociaux, cela va sembler normal de le faire. Pour le cerveau, c’est logique. Il va également vous envoyer un message positif, un message d’apprentissage. Puisque tout le monde le fait, ce comportement doit être renforcé car il est considéré par le cerveau comme bon pour la survie. La norme sociale perçue est un indice très important qui guide les comportements. C’est une motivation», souligne Jeremy Grivel.

Le regard des autres compte également. «A cet âge-là, la perception de soi passe par le regard des autres, le regard des pairs en particulier.   Les réseaux sociaux amplifient encore ce phénomène. Les vidéos sont vues et partagées. Le regard des autres devient exponentiel», continue Jeremy Grivel.

Les réseaux sociaux sont une vitrine. Bien souvent, les gens ne montrent que le meilleur d’eux-mêmes. «Nous ne verrons que les images des défis réussis, rarement les échecs et encore moins de vidéos ou photos de tous les gens qui ont trouvé que ce défi était stupide», note Jeremy Grivel.

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Le docteur en neurosciences encourage les adultes à ouvrir le dialogue avec les jeunes. «C’est important de parler avec eux, de faire le raisonnement ensemble et de leur faire comprendre les dangers. Leur cortex préfrontal n’étant pas mature, ils n’arrivent pas à mener la réflexion eux-mêmes. En les accompagnant, nous les aidons à former les connexions nécessaires dans leur cerveau», explique-t-il.

«Les parents doivent rester vigilants. Les jeunes passent du temps sur le smartphone, sur les réseaux sociaux, sur l’internet. Ils peuvent y rencontrer le meilleur comme le pire. Il est essentiel de leur fixer des règles, mais aussi de leur donner certaines informations (voir encadré). Quand un jeune atteint ses 18 ans, ses parents ne lui donnent pas les clés de la voiture. Ils lui apprennent les règles de la circulation, le fonctionnement de l’automobile. Ils l’accompagnent et le forment. C’est la même chose avec un téléphone portable», souligne le sergent Isabelle Pfammatter de l’unité communication et prévention de la police cantonale.

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