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Quand la danse contemporaine sort des murs

Basée à Venthône, la Compagnie 23multipliants explore des champs créatifs qui modifient le rapport de l’espace et du temps. Une conception venant de sa créatrice Christine D’Andrès.

06 oct. 2019, 08:00
Christine D’Andrès déconstruit le spectacle traditionnel, allant jusqu’à danser dans un solo de 7 heures.

«Tu as des choses à dire, crée ta propre compagnie!» Le message reçu par Christine D’Andrès lui a ouvert un nouvel horizon et l’a poussée à se lancer. D’autant qu’il émanait d’un certain Maurice Béjart, lors d’une audition. C’est ainsi qu’est née en 1999 la compagnie de danse contemporaine 23multipliants, dont le nom est tiré d’un arbre des îles. Si elle est basée à Venthône, l’association crée partout, et surtout hors des sentiers battus. Si la compagnie propose des spectacles qui sortent de l’ordinaire et qui brisent les codes, c’est notamment parce  que le travail  de Christine D’Andrès a été bouleversé lors des douze années qu’elle a passées à l’Île Maurice. «Là-bas, il n’y avait pas d’argent pour la création, on faisait des échanges entre les artistes et les musiciens. Quand je suis rentrée en Suisse, j’ai ressenti un choc culturel: on devait monter un spectacle en cinq ou six semaines, il fallait suivre le processus de subventions de l’Etat et de la ville, être programmé dans un théâtre...»

 

«Verticales Opales», le premier spectacle monté par la compagnie, en 1999. Une pièce dans laquelle Christine D’Andrès dansait en solo ©  Marc Salamin

 

La danseuse et chorégraphe procédera autrement. En 2009, elle crée un solo qui ne se joue pas sur scène. «C’était un spectacle de sept heures, inregardable dans son entier.» C’est au Théâtre Les Halles de Sierre qu’elle lance son concept. «Les gens venaient voir un autre spectacle et ils tombaient sur moi. Je dansais dans le foyer ou dehors, et le public était complètement déconcerté. Les rapports à l’espace et au temps étaient bouleversés et les gens perdaient leurs repères.» De cette pratique singulière naissent des échanges avec les spectateurs, et, pour Christine D’Andrès, un nouveau territoire artistique à exploiter, qu’elle trouve fascinant. «Je me suis demandé ce que d’autres artistes feraient de cette partition, notamment les musiciens.»

De Sierre à l’Île Maurice

En 20 ans, la compagnie 23multipliants a produit six spectacles, souvent en partenariat avec le TLH-Sierre, parfois avec l’Île Maurice et la Réunion, impliquant des collaborations avec d’autres danseurs, des musiciens, des artistes plasticiens, des comédiens, des auteurs. Les pièces sont présentées dans des lieux parfois incongrus (a priori) pour des performances artistiques, comme «M[rV]::», la dernière production en date de la compagnie, qui a été jouée notamment à la piscine municipale de Martigny, au Musée Jenisch de Vevey ou encore aux Arsenaux à Sion, tout récemment. «Durant ces séances, nous faisons des solos simultanément et le spectateur est libre de choisir des bribes à regarder, il n’est pas assis sur une chaise dans une salle.»

Depuis 2017, sept personnes collaborent régulièrement avec la compagnie: trois danseurs, deux comédiens, un artiste visuel et un musicien. «Notre travail actuel, «M[rV]::», va s’étendre sur plusieurs années et peut-être allons-nous amener d’autres personnes à s’intégrer dans notre équipe.»

 

La création actuelle de la compagnie, «M[rV]::», invite des artistes à venir interpréter une partition. ©  Alain Dorsaz

 

Christine D’Andrès s’interroge sans cesse sur son statut d’artiste. «Est-ce qu’il faut être toujours en représentation? Quand je danse seule, je me demande parfois si je danse pour les gens... ou si je danse pour moi. En plus, avec les années, le corps change. Alors comment continuer à transmettre des choses?»

Christine D’andrès, l’exploratrice du mouvement
Après avoir suivi une formation en danse classique, Christine D’Andrès découvre la danse contemporaine auprès de Charlotte Fox à l’âge de 15 ans. Elle suit cette voie auprès des chorégraphes Noemi Lapzeson et Philippe Saire. Elle décroche aussi un diplôme en psychomotricité, et se forme à la danse thérapie, ce qui lui permet de pousser encore plus loin ses explorations du mouvement, se spécialisant dans l’observation de la posture, des déplacements, du lien à l’autre et du rapport à l’espace et au temps.
Après une année passée à New York, où elle devient l’assistante du chorégraphe portugais Paulo Henrique, avec qui elle crée une pièce lors de l’Expo’98 à Libsonne, elle s’installe en 2000 pour 12 ans à l’Île Maurice, où elle monte quatre créations. De retour en Suisse, elle fonde sa compagnie 23multipliants.

En savoir plus : La compagnie de Christine D'Andrès

 

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