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«Le yogourt moisit-il dans le frigo à minuit?»: le commentaire d’Olivier Hugon

29 avr. 2020, 05:30
Olivier Hugon, membre de la rédaction en chef du Nouvelliste.

La responsabilité individuelle est le prix à payer de la liberté. L’une ne va pas sans l’autre. Quand on nous prive de liberté, on diminue le poids de notre responsabilité. Quand Daniel Koch nous dit ce qu’on ne doit pas faire, on l’écoute. Il y a un côté réconfortant. On obéit bien sagement. Mais quand ce même Daniel Koch dit aux grands-parents qu’ils peuvent choisir de faire ou pas des câlins à leurs petits-enfants de moins de 10 ans, la machine se grippe. On retrouve une petite part de liberté, on nous redonne le choix et on crie au scandale. On voudrait que l’Etat intervienne dans notre sphère la plus intime: la famille.

«C’est quoi l’âge limite? 9 ans et 364 jours?» «Le yogourt moisit-il dans le frigo à minuit?» «Il faut préciser», lit-on un peu partout. J’ai bien écouté Daniel Koch. Il a dit et redit ce qu’il assène depuis une quinzaine de jours: les enfants ne sont pratiquement pas contaminés et pratiquement pas contagieux.

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Et cette incertitude du «pratiquement pas» nous perturbe. Dans un monde où tout est contrôlé, mesuré, planifié, le «pratiquement» n’a pas sa place. C’est pourtant lui qui est notre espace de liberté, notre terrain de jeu pour exercer notre responsabilité individuelle. Une mamie qui va prendre dans ses bras sa petite-fille ne mettra en danger qu’elle-même. Et ce danger est extrêmement limité. Lundi, à la réouverture de nombreux magasins en Valais, des milliers de personnes à risque ont pris…le risque – plus important d’un point de vue sanitaire – d’aller se refaire une couleur chez leur coiffeuse préférée ou de faire la queue au brico du coin pour acheter trois géraniums. Elles étaient libres de le faire. 

Les mesures suisses de lutte contre le coronavirus sont essentiellement basées sur des recommandations: les mains, la distance, le semi-confinement… Ça marche. Il y a quelques interdictions, mais l’essentiel du dispositif est construit sur le sens des responsabilités de chacun. Et il n’en va pas autrement des câlins avec les mamies et les papys: personne ne pouvait les en priver jusqu’ici. On leur a juste dit qu’il valait mieux ne pas le faire. Lundi, on leur a dit qu’ils ne risquaient pratiquement rien. Mettez dans la balance le poids d’un câlin et celui du risque que vous encourez. Et choisissez!

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